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nant au même sexe ; par conséquent, l’impudicité entre femmes peut aussi tomber sous le coup de la loi.

Parmi les actes immoraux commis entre individus masculins, la pédérastie (immissio penis in anum[ws 1]) tient le premier rang comme intérêt. La législation a évidemment pensé exclusivement à ce genre de perversité des actes sexuels ; d’après les développements des commentateurs les plus autorisés du Code (Oppenhoff, Stgsb, Berlin, 1872, p. 324 et Rudolf et Stenglein, D. Strafgesb f. das Deutsche Reich, 1881, p. 423), l’immissio penis in corpus vivum[ws 2] est un fait requis pour pouvoir établir le crime prévu dans l’article 175.

D’après cette manière de voir, il n’y a pas lieu de poursuivre les autres actes d’impudicité commis entre hommes, à moins que ces actes ne soient compliqués d’une offense publique à la pudeur, ou de l’emploi de la violence, ou du fait qu’ils ont été accomplis sur des garçons au-dessous de quatorze ans. On est revenu ces temps derniers sur cette manière de voir, et on considère que le fait de délit contre nature entre individus de sexe masculin existe quand même il n’y aurait que des actes similaires du coït[1].

Les études sur l’inversion sexuelle ont mis l’amour homosexuel entre hommes sous un jour tout autre que celui sous lequel se présentaient les délits de mœurs dus à l’inversion, et particulièrement la pédérastie, à l’époque où l’on a élaboré les Codes. Le fait que beaucoup de cas d’inversion sexuelle sont causés par un état psychopathologique, permet d’admettre sans aucun doute que la pédérastie aussi peut être l’acte d’un irresponsable, et c’est pour cette raison qu’on devrait dorénavant, in foro[ws 3], apprécier non seulement l’acte en

  1. Un travail sur le caractère délictueux des rapports entre hommes publié dans la Zeitschrift f. d. gesammte Strafrechtswissenschaft, t. VII, fascicule 1, ainsi qu’une étude parue dans Friedreichs Blætter f. gerichtl. Medizin, année 1891, fascic. 6, nous indiquent d’une manière excellente combien subtile et sujette à caution doit être pour le magistrat l’appréciation de ces actes « similaires du coït » pour constater le fait objectif du délit. – Consultez encore le livre de Moll : Inversion sexuelle, et celui de Bernhardt : Der uranismus, Berlin, 1882.
  1. pénétration du pénis dans l’anus
  2. pénétration du pénis dans un corps vivant
  3. au tribunal