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incriminé. (Puisé dans un rapport médical de M. le docteur Fritsch, à Vienne.)


Observation 195 (Sodomie impulsive.) – A…, seize ans, garçon jardinier ; enfant illégitime ; père inconnu ; mère lourdement tarée, hystéro-épileptique. A… a le crâne et la face difformes, asymétriques ; il en est de même du squelette. Il est de petite taille ; masturbateur depuis son enfance ; toujours morose, apathique, aimant la solitude, très irascible. Ses passions réagissaient d’une façon pour ainsi dire pathologique. C’est un imbécile ; au physique, il a beaucoup dépéri, probablement par suite de la masturbation ; il est neurasthénique. De plus, il présente des symptômes hystéropathiques (diminution du champ visuel, dyschromatopsie, diminution du sens olfactif et du sens auditif du côté droit, anaesthesia testiculi dextr.[ws 1]).

A… est convaincu d’avoir en partie masturbé, en partie sodomisé des chiens et des lapins. À l’âge de douze ans, il a vu des garçons masturber un chien. Il les imita et ne put, par la suite, s’empêcher de tourmenter de cette façon abominable les chiens, les chats et les lapins qu’il rencontrait. Il sodomisait beaucoup plus fréquemment des lapins femelles, les seuls animaux qui avaient quelque charme pour lui. La nuit tombante, il allait à l’étable à lapins de son maître pour assouvir son horrible passion. On a plusieurs fois trouvé des lapins avec le rectum déchiré. Ses actes de bestialité avaient toujours lieu de la même façon. Il s’agissait de véritables accès qui se produisaient périodiquement, environ toutes les huit semaines, le soir, et toujours avec les mêmes symptômes. A… éprouvait d’abord un grand malaise, une sensation de coups de marteau tombant sur sa tête. Il lui semblait qu’il perdait la raison. Il luttait contre l’idée obsédante qui surgissait et le poussait à sodomiser des lapins, il éprouvait une angoisse croissante et une augmentation des maux de tête au point de ne pouvoir plus les supporter. Arrivé au plus haut degré de cet état, il avait des bourdonnements, une sueur froide lui perlait à la peau, les genoux tremblaient, enfin toute force de résistance s’évanouissait, et il y avait exécution impulsive de l’acte.

L’acte consommé, il est délivré de son angoisse. La crise nerveuse disparaît, il reprend son empire sur lui-même, éprouve une honte profonde de ce qui vient de se passer et redoute le retour de cet état. A… affirme que si, dans cette situation, on le plaçait dans l’alternative de choisir entre une femme et une lapine, il

  1. insensibilité du testicule droit