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réveil d’instinct qui peut être le phénomène partiel d’une dementia senilis.


7o Immoralité contre nature (sodomie[1])
Code autrichien, § 129, Projet, § 190 ; code allemand, § 175.
 
a) Bestialité[2]

La bestialité, quelque monstrueuse et répugnante qu’elle puisse paraître à tout homme honnête, ne tire pas toujours non plus son origine de conditions psycho-pathologiques. Une moralité tombée à un niveau très bas, une forte impulsion sexuelle qui se butte à des obstacles pour la satisfaction naturelle, sont peut-être les principales raisons de cette satisfaction contre nature qu’on rencontre aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Nous savons par Polak qu’en Perse elle tire souvent son origine de l’idée fixe qu’on peut, par l’acte sodomique, se débarrasser de la gonorrhée ; de même qu’en Europe, cette croyance est encore très répandue qu’on peut, en faisant le coït avec une petite fille, se guérir du mal vénérien.

L’expérience nous a montré que la bestialité n’est pas un fait rare dans les étables de vaches et les écuries de chevaux. À l’occasion, un individu peut s’en prendre aussi aux chèvres, aux chiennes, et même aux poules, comme nous l’apprennent

  1. Je me conforme au langage généralement en usage, en traitant la bestialité et la pédérastie sous la désignation commune de sodomie. Dans la Genèse (chapitre XIX) où ce terme a pris son origine, il désigne exclusivement le vice de pédérastie. Plus tard on a appliqué le mot de sodomie au vice de bestialité. Les théologiens moralistes, comme saint Alphonse de Ligori, Gury et autres, ont toujours judicieusement, c’est-à-dire dans le sens de la Genèse, fait la distinction entre : sodomia i. e. concubitus cum persona ajusdem sexus et bestialitas i. e. concubitus cum bestia [NdT : sodomie, c-à-d coucher avec une personne de son propre sexe et bestialité, c-à-d coucher avec une bête]. (Comparez Olfers, Pastoralmedicin, p. 73.)

    Les juristes ont porté la confusion dans la terminologie en admettant une sodomia ratione sexus et une sodomia ratione generis [NdT : sodomie en raison du sexe et sodomie en raison du genre]. La science devrait cependant ici se déclarer comme l’ancilla theologiæ [NdT : servante de la théologie], et revenir à l’usage juste des termes.

  2. Pour notes historiques intéressantes, v. Krauss, Psych. des Verbrechens, p. 130 ; Mashka, Hdb. III, p. 188 ; Hoffmann, Lehrb d. ger. Med., p. 180 ; Rosenbaum, Die Lustseuche, 3e édition, 1842.