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en partie achetés, en partie troqués contre d’autres objets, ou les avoir reçus en cadeau des filles avec lesquelles il avait eu des rapports.

Pendant la période d’observation D… paraît intellectuellement très borné, en même temps qu’il y a chez lui une déchéance due au vagabondage, à l’ivrognerie et à la masturbation : mais au fond il est de bon caractère, docile et pas du tout réfractaire au travail.

Il ne sait rien de ses parents ; il a grandi sans aucune éducation ni aucune surveillance ; étant enfant, il subvenait à sa vie en mendiant ; à l’âge de treize ans, il est devenu valet d’écurie et, à l’âge de quatorze ans, on abusa de lui pour des actes de pédérastie. Il affirme avoir senti son instinct génital très tôt et d’une manière puissante ; il a commencé très tôt à faire le coït et il pratiquait en outre la masturbation. À l’âge de quinze ans, un cocher lui apprit qu’on pourrait se procurer un grand plaisir avec des mouchoirs de jeunes femmes en se les appliquant ad genitalia[ws 1]. Il essaya et trouva que le dire du cocher s’était pleinement confirmé ; à partir de ce moment il essaya par tous les moyens de se procurer de ces mouchoirs. Son penchant devenait si puissant qu’aussitôt qu’il apercevait une femme qui lui était sympathique et qui tenait un mouchoir à la main ou assez visiblement dans sa poche, il était, en sentant une violente émotion sexuelle, saisi par l’impulsion de se presser contre cette personne et de lui voler son mouchoir.

À jeun il lui était presque toujours possible de résister à ce penchant, par la crainte d’encourir une condamnation. Mais, quand il avait bu, sa force de résistance disparaissait. Déjà pendant son service militaire, il s’était fait donner des mouchoirs par des jeunes filles ou des femmes qui lui plaisaient et il les avait troqués contre d’autres après s’en être servi pendant quelque temps.

Quand il passait la nuit chez une fille, il échangeait toujours son mouchoir avec elle. À plusieurs reprises il avait acheté des mouchoirs pour les échanger chez des femmes.

Tant que les mouchoirs étaient neufs et n’avaient pas encore servi, ils ne produisaient sur lui aucun effet. Ils ne l’excitaient sexuellement qu’après qu’ils avaient été portés par des filles.

Il ressort du dossier de son procès que souvent, pour mettre des mouchoirs neufs en contact avec des femmes, il en avait à plusieurs reprises mis sur le chemin où des femmes devaient

  1. sur le sexe