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année de sa vie, il se remit peu à peu, sauf qu’il se plaignait souvent de maux de tête et d’yeux, de vertiges ; il aurait été bien portant jusqu’à l’âge de onze ans, alors il eut une « maladie grave » avec délire. Parfois, les maux de tête le prenaient subitement, de telle sorte qu’il interrompait brusquement ses jeux, et qu’il n’y pouvait retourner qu’après un certain laps de temps. Quand on l’interrogeait dans ces moments, il ne répondait qu’à voix basse et lente : « Oh, ma tête ! ma tête ! »

C’était un enfant indocile, peu obéissant et réfractaire à toute éducation. Il montrait des changements brusques dans son état d’esprit, ses désirs et ses idées. À l’âge de trois ans, on le surprit un jour, au moment où il torturait, à coups de couteau un petit poulet. Il raconte des fables avec l’air d’une véracité parfaite. À l’école il dérange les autres, fait des grimaces, murmure sans cesse, est récalcitrant et manque de respect au maître. Il considère toute correction comme une injustice. Mis à l’école de correction, il se tient à l’écart des autres élèves, s’occupe de lui-même, est méfiant, détesté par ses camarades, n’a pas d’amis. Ses facultés intellectuelles sont bonnes ; on convient qu’il a une intelligence claire, de la perspicacité et une bonne mémoire. Au point de vue éthique, cependant, il se montre très défectueux. Il ne manifeste pas la moindre douleur, ni le moindre repentir de ses actes ; il n’a aucune conscience de la responsabilité. Pour sa mère seule, il a quelque chose comme une velléité de tendresse. Il n’attache aucune importance particulière à ses crimes. Il pèse froidement ses chances et se dit qu’on ne pourra pas le condamner à mort puisqu’il n’a que quatorze ans ; il sait que jusqu’ici ce n’est pas l’usage de pendre des garçons de quatorze ans, et, ajoute-t-il, ce n’est pas avec lui qu’on commencera à rompre avec la tradition. Quant au mobile de ses actes on ne peut obtenir aucune explication de K… Une fois, il prétend qu’à la suite de la lecture de récits sur les tortures que les prisonniers des Peaux-Rouges avaient à subir, il s’enquit de ces cruautés et fut poussé à les imiter. Il avait même, pour cette raison, voulu un jour s’enfuir et aller chez les Indiens de l’Amérique. Quand il se désignait une victime il avait toujours l’imagination remplie de scènes et d’actes de cruauté.

Le matin de ces jours-là, il s’était toujours réveillé avec du vertige et la tête lourde, et cela durait toute la journée.

Comme anomalies physiques, il n’y a que le volume considérable du pénis et des testicules. Le mons Veneris[ws 1] montre un

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