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adulte est forcée à subir le coït devant une menace dangereuse, ou par un acte de violence, ou quand elle est mise hors d’état de se défendre, ou qu’elle a perdu conscience d’elle-même, et enfin, le coït hors du mariage entrepris sur une fille au-dessous de dix-sept ans. Pour que le viol ait lieu, il faut au moins la conjunctio membrorum[ws 1] (Schütze). À notre époque, le viol commis sur des enfants est d’une fréquence surprenante. Hoffmann (Geri. Med., I., p. 188) et Tardieu (Attentats) rapportent des cas épouvantables.

Le dernier constate le fait que, dans la période de 1851 à 1875, on a jugé en France 22 017 délits de viol dont 17 657 avaient été commis sur des enfants.

Le crime de viol suppose un penchant sexuel, temporairement très puissamment excité, soit par l’alcool, soit par d’autres moyens. Il est fort improbable qu’un homme sain au moral commette un crime d’une telle brutalité. Lombroso (Goltdammers Archiv) croit que la majorité des violateurs sont des dégénérés, ce qui est surtout le cas quand le viol a été commis sur des enfants ou des vieilles femmes. Il prétend avoir trouvé des stigmates de dégénérescence chez beaucoup d’hommes de cette catégorie.

En effet, souvent le viol est un acte impulsif d’hommes tarés, d’imbéciles[1] qui, selon les circonstances, ne respectent pas même les liens consanguins de la plus proche parenté.

On peut supposer que des viols aient lieu au milieu d’un accès de folie furieuse, par suite de satyriasis, ou par suite d’épilepsie ; en effet on a constaté déjà plusieurs crimes de viol commis dans une des circonstances que nous venons d’énumérer.

Parfois l’acte du viol est suivi d’égorgement de la victime[2]. Il peut alors s’agir d’un homicide commis sans intention préalable ou d’un assassinat commis dans le but de faire taire pour jamais le seul témoin de la forfaiture ou enfin

  1. Annal. médico-psychol., 1819, p. 515 ; 1863. p. 57 ; 1867, p. 45 ; 1866. p. 253.
  2. Comparez les cas de Tardieu, Attentats, pp. 182-192.
  1. l’union des parties génitales