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femmes, on peut le deviner facilement. Non seulement des hommes se sont excités à la lubricité par les coups, mais des femmes aussi, afin de jouir davantage. La Romaine se faisait fouetter dans ce but par Lupercus. Car ainsi chante Juvénal[ws 1] :

Steriles moriuntur, et illis
Turgida non prodest condita pyscido Lyde :
Nec prodest agili palmas præbere Luperco.

Il y a, chez la femme ainsi que chez l’homme, d’autres régions et organes érectibles qui peuvent produire l’érection, l’orgasme et même l’éjaculation. Ces « zones érogènes » sont chez la femme, tant qu’elle est virgo[ws 2], le clitoris, et, après la défloration, le vagin et le col de l’utérus.

Le mamelon surtout semble avoir un effet érogène chez la femme. La titillatio hujus regionis[ws 3] joue un rôle important dans l’Ars erotica. Dans son Anatomie topographique (édition de 1865, p. 552), Hyrtl cite Valentin Hildenbrandt qui avait observé, chez une jeune fille, une anomalie particulière du penchant sexuel, qu’il appelait suctusstupratio. Cette jeune fille s’était laissé téter les mamelons par son galant. Bientôt, en tirant, elle arriva à pouvoir les sucer elle-même, ce qui lui causait les sensations les plus agréables. Hyrtl rappelle, à ce propos, qu’on voit quelquefois des vaches qui tètent leurs propres tétines.

L. Brunn (Zeitg f. Litteratur, etc., d. Hamburger Correspondenten) fait remarquer, dans une étude intéressante sur « La sensualité et l’amour du prochain », avec quel zèle la mère qui nourrit elle-même son nourrisson, s’occupe de faire téter l’enfant. Elle le fait, dit-il, « par amour pour l’être faible, incomplet, impuissant ».

Il est tout indiqué de supposer, qu’en dehors des mobiles éthiques dont nous venons de faire mention, que le fait de donner à téter à l’enfant produit peut-être une sensation de plaisir charnel et joue un rôle assez important. Ce qui plaide en faveur de cette hypothèse, c’est une observation de Brunn,

  1. Ni l’épaisse Lydé, par ses noirs sortilèges,
    Ni l’agile Luperque, en frappant dans leur main,
    Ne saurait féconder leur détestable hymen.

    Traduction de L. V. Raoul, 1812.

  2. vierge
  3. chatouillement de cette zone