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et des lancements violents dans les testicules et dans les cordons spermatiques. Il regrette d’être obligé d’avouer que l’impulsion est plus forte que sa volonté. Dans cette situation il se sent contraint de se masturber, n’importe dans quel endroit où il se trouve. Aussitôt que l’éjaculation s’est produite, il se sent soulagé et il retrouve son empire sur lui-même. C’est une chose terrible et fatale. Son avocat m’apprend que R… a déjà été condamné six fois pour le même délit : exhibition et masturbation sur la voie publique. Toutes les fois il a demandé que l’état mental de son client fût soumis à un examen médical et le tribunal a toujours refusé, alléguant que dans le dossier de la cause on ne trouvait exprimé aucun doute concernant la responsabilité de l’accusé.

Le 4 novembre 1889, R… étant dans sa période dangereuse, se trouvait dans la rue au moment où un groupe de petites filles de l’école passait devant lui. Son impulsion indomptable se réveilla. Il n’eut pas le temps d’aller dans un cabinet d’aisances, il était trop excité. Aussitôt il procéda à l’exhibition, se masturba sous une porte-cochère : immense scandale, arrestation. R… n’est pas idiot ni défectueux éthiquement. Il gémit sur son sort, éprouve une honte profonde de son acte, craint de nouveaux accès, mais considère ses accès comme morbides, comme une fatalité en présence de laquelle il se trouve impuissant.

Il se croit encore sexuellement puissant. Le pénis est d’une grandeur anormale. Existence du réflexe crémastérien ; réflexe patellaire accentué. Depuis quelques années, faiblesse du sphincter vésical. Divers symptômes neurasthéniques.

Le rapport médical a démontré que R… avait agi sous l’influence de conditions morbides et d’une manière impulsive. Pas de condamnation. Le malade a été interné dans une maison de santé d’où il fut relaxé quelques mois plus tard.


Dans l’observation précédente, le point clinique principal n’est pas dans la névrose existante, mais plutôt dans le caractère impulsif de l’acte (exhibition pour la masturbation).

Il est évident qu’en établissant des catégories entre les exhibitionnistes imbéciles, entre ceux qui sont mentalement affaiblis et ceux qui se trouvent sous l’influence d’un trouble névrosique des sens (épileptique ou neurasthénique), le côté médico-légal de ce phénomène n’est pas encore