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les coups sont considérés comme une marque particulière d’amour et de faveur. Les femmes russes surtout ne sont contentes et joyeuses que lorsqu’elles ont reçu de bons coups de leurs maris, ainsi que nous l’explique, dans un récit curieux, Jean Barclajus.

« Un Allemand nommé Jordan vint en Moscovie et, comme le pays lui plaisait, il s’y établit et épousa une femme russe qu’il aimait beaucoup et pour laquelle il était gentil en tous points. Mais elle faisait toujours la mine, baissait les yeux, et ne faisait entendre que des plaintes et des gémissements. L’époux voulut savoir pourquoi, car il ne pouvait comprendre ce qu’elle avait. « Eh ! dit-elle, vous prétendez m’aimer et vous ne m’en avez encore donné aucune preuve. » Il l’embrassa et la pria de lui pardonner si, par hasard et à son insu, il l’avait offensée : il ne recommencerait plus. « Rien ne me manque, répondit-elle, sauf le fouet qui, selon l’usage de mon pays, est une marque d’amour. » Jordan se le tint pour dit et il se conforma à l’usage. À partir de ce moment cette femme aima éperdument son mari.

« Une pareille histoire nous est racontée aussi par Peter Petreus, d’Erlesund, avec ce détail complémentaire, qu’au lendemain de la noce les hommes ajoutent aux objets indispensables du ménage, un fouet. »

À la page 73 de ce livre curieux, nous lisons encore :

« Le célèbre comte Jean Pic de la Mirandole, assure qu’un de ses amis qui était un gaillard insatiable, était si paresseux et si inhabile aux luttes amoureuses qu’il ne pouvait rien faire avant qu’il n’eût reçu une bonne raclée. Plus il voulait satisfaire son désir, plus il exigeait de coups et de violences puisqu’il ne pouvait avoir de bonheur s’il n’avait été fouetté jusqu’au sang. Dans ce but, il s’était fait faire une cravache spéciale qu’il mettait pendant la journée dans du vinaigre ; ensuite il la donnait à sa compagne et la priait à genoux de ne pas frapper à côté, mais de frapper fort, le plus fort possible. C’est, dit le brave comte, le seul homme qui trouve son