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Schule (Klin. Psychiatrie, 1886, p. 237) note surtout très fréquemment un instinct génital morbidement accentué, « qui transforme en Messalines des filles prédisposées et même des épouses qui vivaient heureuses en ménage. » Cet auteur cite des cas où, pendant le voyage de noces, des femmes ont essayé de s’enfuir avec des hommes de rencontre, des cas de femmes très respectées qui ont noué des liaisons sans choix et ont sacrifié toute dignité à leur insatiable avidité sexuelle.

Dans les délires hystériques, la vie sexuelle accentuée d’une manière morbide peut se manifester par la monomanie de la jalousie, par de fausses accusations contre des hommes pour de prétendus actes d’impudicité[1], par des hallucinations du coït[2], etc.

Par moments il peut aussi se produire de la frigidité avec manque de sensation voluptueuse qui survient dans la plupart des cas par suite de l’anesthésie génitale.


PARANOÏA

Dans les diverses formes de la folie primaire, les phénomènes anormaux de la vie sexuelle ne constituent pas un fait rare. Car plusieurs formes de l’aliénation mentale provoquent le développement des abus sexuels (paranoïa masturbatoire) ou des processus d’excitation sexuelle ; souvent il s’agit d’individus psychiquement dégénérés chez lesquels, en dehors d’autres stigmates de dégénérescence fonctionnelle, la vie sexuelle se trouve aussi souvent chargée de lourdes tares.

C’est surtout dans la paranoîa erotica et religiosa que la

  1. Voir plus loin, le cas Merlac dans le Lehrb. d. ger. Psychopathol., de l’auteur, 2e édit., p 322 ; Morel, Traité des maladies mentales, p. 687 ; Legrand, La Folie, p. 237 ; Procès La Roncière dans les Annales d’hyg., 1re série, IV, 3e série, XXII.
  2. C’est là-dessus que se basent les incubes dans les procès des sorcières au Moyen Âge.