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attrayants. Inutile de dire qu’au point de vue social mon état me paraît tout à fait désespérant, et si je n’avais pas l’espoir de trouver un être qui me comprenne, je ne saurais guère supporter la vie. Je sens que les rapports sexuels avec l’homme sont l’unique moyen de combattre avec efficacité mon penchant pour l’onanisme. Bien que cela m’affecte beaucoup, je ne puis pas m’en passer longtemps, car autrement, ainsi que je l’ai déjà éprouvé par expérience, je serais encore plus affaibli par des pollutions nocturnes et par des érections qui dureraient des heures entières dans la journée.

« Jusqu’ici je n’ai aimé vraiment que deux hommes. Tous les deux étaient des officiers, de beaux hommes, de grand talent, sveltes et bien bâtis, bruns, avec des yeux noirs. J’ai fait la connaissance de l’un à l’Université. J’étais amoureux fou de lui ; je souffrais beaucoup de son indifférence, je passais la moitié des nuits sous ses fenêtres, rien que pour être dans sa proximité. Quand il fut transféré dans une autre garnison, je fus désespéré.

« Peu après je fis la connaissance d’un autre officier qui ressemblait au premier, et qui m’a captivé dès le premier moment. Je cherchai par tous les moyens possibles à me rencontrer avec lui ; je passais toute la journée dans la rue et dans les endroits où je pouvais espérer le voir. Je sentais me monter le sang au visage quand je l’apercevais à l’improviste. Quand je le voyais causer amicalement avec d’autres, je ne me sentais plus de jalousie. Quand j’étais assis à côté de lui, j’avais l’impulsion invincible de le toucher ; je pouvais à peine cacher ma grande émotion, quand j’avais l’occasion de lui effleurer les genua aut femora[ws 1]. Cependant jamais je n’ai eu le courage de déclarer mes sentiments devant lui, car j’ai cru deviner dans ses manières qu’il ne les aurait pas compris ou pas partagés.

« J’ai vingt-sept ans, je suis de taille moyenne, bien fait ; je passe pour être joli, j’ai la poitrine un peu étroite, de petites mains, de petits pieds et une voix grêle. Au point de vue intellectuel, je crois être bien doué, car j’ai passé brillamment mon examen de brevet ; je sais plusieurs langues et je suis bon peintre.

« Dans mon métier je passe pour être travailleur et consciencieux. Les gens de ma connaissance me trouvent froid et singulier. Je ne fume pas, ne pratique aucun sport ; je ne puis ni chanter, ni siffler. Ma démarche est un peu affectée, de même que mon langage. J’ai beaucoup de prédilection pour l’élégance, j’aime les bijoux, les sucreries, les parfums, et je vais de préférence dans la société des dames. »

  1. genoux ou cuisses