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et de parties génitales d’hommes. Jusqu’à ce que je sois devenu élève de l’Université, je n’y ai rien trouvé d’étrange. (Je n’ai jamais parlé à autrui de mes fantaisies et de mes rêves ; je vivais, quand je fréquentais le lycée, très retiré, et j’étais très peu communicatif). Ce qui frappa mon attention, alors que j’étais étudiant de l’Université, c’est que les êtres féminins ne pouvaient m’inspirer le moindre intérêt. J’ai essayé plusieurs fois depuis, au lupanar et ailleurs, de faire le coït ou d’arriver au moins au coït, mais toujours en vain.

« Aussitôt que j’étais seul avec un être féminin dans une chambre, toute érection cessait immédiatement. J’ai pris d’abord ce phénomène pour de l’impuissance, et pourtant j’étais à cette époque si excité sexuellement qu’il me fallait me masturber plusieurs fois par jour pour pouvoir dormir.

« Mes sentiments pour le sexe masculin se sont développés bien autrement : ils sont devenus plus forts chaque année. Au commencement ils se manifestèrent par une amitié extrêmement romanesque pour certains personnages, sous la fenêtre desquels j’attendais la nuit des heures entières, que je cherchais par tous les moyens à rencontrer dans les rues, et dont je cherchais toujours à me rapprocher. J’écrivais à ces personnages les lettres les plus passionnées, mais je me gardais bien toutefois d’y déclarer trop clairement mes sentiments. Plus tard, dans la période qui suivit mes vingt ans, j’eus une conscience nette de la nature sensuelle de mes inclinations, surtout à la suite de la sensation voluptueuse que j’éprouvais aussitôt que je me trouvais en contact direct avec un de ces amis. C’étaient tous des hommes bien bâtis, aux cheveux foncés et aux yeux noirs. Je ne me suis jamais senti excité par des garçons et je ne comprends pas comment on peut avoir du goût pour la pédérastie proprement dite. À la même époque (entre ma vingt-deuxième et ma vingt-troisième année) le cercle des personnes que j’aimais, s’élargissait de plus en plus. À l’heure qu’il est, je ne peux pas voir dans la rue un bel homme sans concevoir le désir de le posséder. J’aime surtout les personnes de la basse classe dont les formes vigoureuses m’attirent : les soldats, les gendarmes, les cochers de tramway, etc. en un mot, tout ce qui porte un uniforme. Si quelqu’un de ces gens répond à mon regard, je sens comme un frisson à travers tout mon corps. Je suis excité surtout le soir, et rien qu’en entendant le pas vigoureux d’un militaire, j’ai souvent des érections des plus violentes. C’est pour