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des oreilles grands et se confondant comme un cadre avec les joues. Les parties génitales sont tout à fait normales. Il présente les symptômes ordinaires d’une neurasthénie cérébro-spinale modérée. Il est très déprimé, se plaint que la vie lui paraît si peu agréable qu’il en est arrivé au tædium vitæ[ws 1] ; il est péniblement affecté de son anomalie sexuelle, d’autant plus que sa famille insiste pour qu’il se marie.

Chez la femme il n’y a que l’âme qui l’intéresse et non le corps. Sexuellement il n’a d’affection que pour les hommes, et encore faut-il que ceux-ci soient du meilleur monde. Ses rêves n’ont jamais eu pour objet des individus de son propre sexe, mais toujours des personnes du sexe féminin. Dans ces rêves érotiques il s’est vu dans le rôle de la femme.

La puella[ws 2] la plus raffinée n’a jamais pu provoquer de l’érection ni du libido chez lui.

Ses rapports sexuels avec les hommes ont consisté dans la masturbation passive ou mutuelle. Il ne s’est livré que rarement à l’auto-masturbation et quand il ne pouvait faire autrement. Depuis cinq mois il s’en est abstenu, depuis le mois d’août 1889 il n’a pas eu non plus de rapports sexuels avec des hommes.

Un essai d’hypnose selon la méthode de Bernheim n’a pas réussi. En passant plusieurs fois la main sur le front, on provoque de l’engourdissement avec catalepsie. Cette méthode est employée pour appliquer le traitement suggestif chez ce malade digne de pitié. L’état hypnotique reste toujours le même ; il est impossible de l’amener au somnambulisme.

À la troisième séance le malade reçoit les suggestions : l’onanisme et l’amour du sexe masculin sont détestables ; il faut trouver les femmes belles et rêver d’elles.

Après la sixième séance (10 mars), il se produit une évolution visible dans l’existence psychique du malade. Il devient plus calme, il se sent plus dégagé, rêve par-ci par-là de femmes, et plus d’hommes, trouve que ces derniers lui sont devenus tout à fait indifférents et m’annonce avec satisfaction qu’il n’a plus de velléités de masturbation. Il s’approche du beau sexe, mais il s’aperçoit que les femmes n’exercent pas sur lui la moindre force d’attraction.

Le 19 mars des affaires rappellent le malade chez lui, de sorte que le traitement a dû être interrompu.

Le 17 mai 1890 il revient au traitement. Il affirme qu’entre temps il ne s’est pas masturbé et qu’il a su résister à son

  1. à la dépression suicidaire
  2. prostituée