Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/471

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’étant tout petit garçon, il contemplait avec plaisir les ouvriers à demi nus dans l’atelier qui se trouvait en face de la maison paternelle et qu’il se sentait attiré vers eux. Quand on l’envoya en classe, il éprouva un sentiment analogue pour ses camarades. Sans y être incité, il arriva à l’âge de onze ans à faire de l’onanisme ; pendant l’acte, il pensait toujours à ses camarades d’école. Plus tard, il eut des amitiés extatiques. Sa vita sexualis est devenue toute-puissante. Devenu grand, il s’intéressa aussi aux femmes, mais le principal objet de ses désirs, c’étaient les hommes des classes élevées de la société. Il sentit l’anomalie de ce penchant, chercha des relations avec les puellis[ws 1], fit plusieurs fois le coït, mais sans y éprouver un véritable agrément. Alors il s’égara de plus en plus dans la voie de l’inversion sexuelle : il pratiquait la masturbation mutuelle et le coït inter femora viri[ws 2], se livrait à l’occasion aussi à la pédérastie[ws 3] passive, mais il y renonça bientôt car il n’en éprouvait que de la douleur.

Il affirme qu’il se sent tout à fait homme et qu’il n’a jamais eu de goûts féminins. Squelette, attitude tout à fait virils. Système pileux et barbe très abondants, parties génitales tout à fait normales. Point d’aversion pour le sexe féminin. À l’occasion, il fait le coït avec des puellis, mais sans en être satisfait. Le malade se sent très malheureux, reconnaît nettement sa fausse position, voudrait à tout prix être débarrassé de son penchant homosexuel et devenir capable de se marier. Ce serait terrible d’être toujours forcé de jouer la comédie. Dès le premier essai d’hypnotisation fait d’après la méthode de Bernheim, le malade est plongé dans un profond engourdissement. Il est très suggestible, reçoit les suggestions nécessaires, constate avec satisfaction, après la quatrième séance, que les individus masculins lui sont devenus tout à fait indifférents et qu’il commence à coïter avec plaisir, mais que dans son âme il ne se sent pas satisfait, étant donné qu’il est obligé d’avoir recours aux puellæ publicæ. Après la quatorzième séance, il déclare n’avoir plus besoin d’appui. Il est enthousiasmé d’une jeune dame et il a l’intention de l’épouser. Le malade a sollicité la main de cette dame, mais il a été éconduit. Bientôt après, il fit un voyage en Italie, et alors l’intérêt pour les hommes se réveilla de nouveau. Il eut une rechute et me demanda de reprendre le traitement. En peu de séances le statu quo ante fut rétabli.


OBSERVATION 142. (Hermaphrodisme psychique. Traitement par la suggestion hypnotique suivi de succès.) – M. Z…, vingt ans, prétend

  1. prostituées
  2. entre les cuisses de l’homme
  3. sodomie