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pas la femme : il y a trois semaines encore, il a coïté avec une femme, il a réussi, bien qu’il n’ait éprouvé ni plaisir, ni satisfaction morale. Il ne met pas en doute qu’il soit en réalité créé pour l’amour du sexe masculin ; mais à la suite d’une neurasthénie qui vient de se déclarer, il n’a plus, même dans l’acte sexuel avec l’homme, le plaisir qu’il éprouvait autrefois dans des circonstances analogues. Il a abandonné sa position d’officier de l’armée, parce que ses troupiers l’excitaient trop sexuellement, et qu’il craignait de se compromettre un jour.

Le malade n’a pas de stigmates de dégénérescence. Il a un extérieur tout à fait viril ; les parties génitales sont normales. L’examen d’un spécimen du sperme a permis de constater des spermatozoïdes en abondance. Le pénis est grand, bien développé ; le système pileux sur les parties génitales et sur le corps en général est très bien fourni. Le malade a des goûts virils, mais il n’a jamais trouvé plaisir ni à fumer ni à boire. Son œil névropathique est la seule chose qu’on pourrait interpréter dans le sens d’une prédisposition nerveuse.

Il prétend que dans ses actes sexuels avec les hommes, il s’est la plupart du temps senti dans le rôle de l’homme, mais parfois aussi dans celui de la femme.

Une tentative d’hypnose a amené un engourdissement avec une attitude cataleptiforme des muscles ; on l’utilise pour lui faire des suggestions appropriées à sa maladie.

Après la quatrième séance, il déclare avec satisfaction et étonnement à la fois, que les hommes le laissent froid. Il voudrait essayer sa bonne chance avec des femmes, mais il craint d’être impuissant.

Après la sixième séance, il essaie le coït cum muliere[ws 1], sans y avoir été engagé. Son libido fut très grand, mais inter actum[ws 2] le libido ainsi que l’érection l’abandonnèrent.

Après la neuvième séance, le malade interrompt le traitement, ses affaires l’ayant obligé de rentrer à la maison. Il est content en tant qu’il se sent indifférent vis-à-vis de l’homme, et capable de résister à toute tentation. Il a la conviction certaine qu’il ne retombera plus dans ses anciennes « vilenies ». Mais à l’heure qu’il est, il ne sent pas non plus le moindre intérêt pour le sexe féminin.


OBSERVATION 141.– M. X…, trente et un ans, chimiste, issu d’une famille névropathique, était, dès son enfance, nerveux, émotif, peureux et sujet aux migraines. Il se rappelle nettement

  1. avec une femme
  2. au cours de l’acte