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les testicules avaient le volume d’une fève, étaient dépourvus de canaux déférents et dont le larynx avait des dimensions féminines. Il y avait chez lui absence totale de nerfs olfactifs. Le triangle olfactif et le sillon à la base inférieure des lobes antérieurs du cerveau manquaient également. Les trous de la lame criblée étaient clairsemés ; au lieu de nerfs, c’étaient des prolongements de la dure-mère qui passaient par ces trous. Sur la membrane pituitaire du nez, on constatait la même absence de nerfs. Il faut noter aussi le consensus qui se manifeste nettement entre l’organe olfactif et l’organe sexuel dans certaines maladies mentales. Les hallucinations olfactives sont très fréquentes dans les psychoses des deux sexes qui ont pour origine la masturbation, de même que dans les psychoses des femmes, causées par les maladies des parties génitales ou les phénomènes de la ménopause ; par contre, dans les cas où il n’y a pas de causes sexuelles, les hallucinations olfactives sont très rares.

Je mets en doute cependant que, chez les individus normaux, les sensations olfactives jouent, comme chez les animaux, un grand rôle dans l’excitation du centre sexuel[1].

Nous avons cru devoir parler, dès maintenant, de la connexité qui existe entre le sens olfactif et le sens sexuel, étant donnée l’importance de ce consensus pour la compréhension de certains cas pathologiques.

Il y a, à côté de ces rapports physiologiques, un fait intéressant à noter : c’est qu’il existe une certaine analogie histologique entre le nez et les organes génitaux, puisque tous deux (y compris le mamelon) contiennent un tissu érectile.

  1. L’observation suivante, que nous donne Binet, semble contredire cette opinion. Malheureusement il ne nous a rien dit sur la personnalité du sujet de son observation. Dans tous les cas, sa constatation est très significative pour la connexité qui existe entre le sens olfactif et le sens sexuel. D…, étudiant en médecine, étant assis un jour sur un banc dans un square et occupé à lire un livre de pathologie, remarqua que, depuis un moment, il était gêné par une érection persistante. En se retournant, il s’aperçut qu’une femme qui répandait une odeur assez forte, était assise sur l’autre bout du banc. Il attribua à l’impression olfactive, qu’il avait ressentie sans en avoir conscience, le phénomène d’excitation génitale.