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l’occasion des noces de Marguerite de Valois avec le roi de Navarre, s’essuya la figure avec la chemise trempée de sueur de Marie de Clèves. Bien que Marie fût la fiancée du prince de Condé, Henri conçut subitement pour elle une passion si violente qu’il n’y pouvait résister et que, fait historique, il la rendit pour cela très malheureuse. On raconte un fait analogue sur Henri iv. Sa passion pour la belle Gabrielle aurait pris naissance parce que, dans un bal, il se serait essuyé le front avec le mouchoir de cette dame.

Le professeur Jæger (Entdecke der Seele) indique dans son livre le même fait, quand il dit (page 173) que la sueur joue un rôle important dans les affections sexuelles et qu’elle exerce une vraie séduction.

De la lecture de l’ouvrage de Ploss (Das Weib), il ressort que, en psychologie, on voit maintes fois la transpiration du corps exercer une sorte d’attraction sur une personne d’un autre sexe.

À ce propos, il faut citer un usage qui, au rapport de Jagor, exista chez les amoureux indigènes des îles Philippines. Lorsqu’il arrive, dans ce pays, qu’un couple amoureux est forcé de se séparer pour quelque temps, l’homme et la femme échangent des pièces de linge dont ils se sont servis, pour s’assurer une mutuelle fidélité. Ces objets sont soigneusement gardés, couverts de baisers et reniflés. La prédilection de certains libertins et de certaines femmes sensuelles pour les parfums[1] prouve également la connexité qui existe entre le sens olfactif et le sens sexuel.

Il faut encore citer un cas très remarquable, rapporté par Heschl (Wiener Zeitschrift f. pract. Heilkunde, 22 März 1861), cas où il a constaté simultanément le manque des deux bosses olfactives et l’atrophie des parties génitales. Il s’agissait d’un homme de quarante-cinq ans, bien fait, dont

  1. Comparer Thomas Laycock (Nervous diseases of women, 1840), qui trouve un rapport entre la prédilection pour le musc et les parfums similaires et l’exaltation sexuelle chez les femmes.