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quatorze ans, je suis venu à H…, j’ai perdu de vue mon amant, mon séducteur. Il avait quelques années de plus que moi, et il entra dans la carrière administrative à l’âge de dix-neuf ans, je l’ai rencontré pendant un voyage en chemin de fer. Nous avons interrompu notre voyage, pris une chambre commune et essayé de la pédérastie mutuelle ; mais, à cause des douleurs, l’immissio ne nous a pas réussi. Nous nous sommes satisfaits alors par l’onanisme mutuel. À H…, j’ai eu des rapports sexuels avec deux condisciples, mais ces rapports se bornaient à de fréquentes masturbations mutuelles, mes deux camarades ne voulant pas se prêter à la pédérastie. Dans la dernière année de mon séjour à H…, j’avais alors dix-neuf ans, j’eus encore des rapports avec un troisième ami en pratiquant de l’onanisme ; mais nos relations étaient déjà plus intimes ; nous nous déshabillions et faisions de la masturbation mutuelle au lit. Du mois d’octobre 1869 jusqu’au mois de juillet 1870, je n’eus pas d’amant. Je faisais de la masturbation solitaire. Quand la guerre éclata, je voulus me faire enrôler comme volontaire, mais on ne m’a pas pris. En même temps que moi se présenta au bureau d’enrôlement un ancien camarade d’école qui depuis était devenu un jeune homme d’une rare beauté. J’ai dû partager avec lui dans un hôtel trop rempli le même lit pendant une nuit. Bien qu’à l’époque de notre séjour à l’école nous n’eussions jamais eu de rapports sexuels l’un avec l’autre, il se montra favorable à mes assiduités et fit une tentative de pédérastie. Elle ne réussit pas non plus, à cause des douleurs ; cependant pendant ces essais il y eut ejaculatio ante anum meum[ws 1]. Aujourd’hui encore je me rappelle de la sensation de volupté que j’ai éprouvée et qui dépassa toute mon attente. Après la guerre j’ai encore souvent rencontré cet ami, mais nos rapports se bornèrent alors aux procédés d’onanisme mutuel. Pendant les dix-huit années suivantes, je n’ai eu que deux fois l’occasion de pratiquer l’amour homosexuel. L’hiver de l’année 1879 je rencontrai dans un compartiment de chemin de fer un beau hussard. Je le décidai à coucher avec moi dans un hôtel. Plus tard il m’avoua avoir déjà pratiqué l’onanisme mutuel avec le fils du châtelain de sa commune. Je ne pus le décider à la pédérastie. Par contre je provoquai chez lui de l’éjaculation par la receptio penis ejus in os meum[ws 2]. Ce procédé ne m’a procuré aucune satisfaction, mais du dégoût. Je n’y suis jamais revenu depuis et je n’ai pas accepté non plus la receptio penis mei in os alterius[ws 3]. En 1887 j’ai fait, c’était encore en chemin de fer, la con-

  1. éjaculation sur mon anus
  2. introduction de son pénis dans ma bouche
  3. introduction de mon pénis dans la bouche d’un autre