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Le traitement dure jusqu’au 21 septembre. Résultat : le malade est guéri de l’onanisme ; il n’est plus excité par les hommes mais bien par les femmes. Coït normal tous les huit jours. Les malaises hystériques ont disparu ; les malaises neurasthéniques sont très atténués.

Le 6 octobre, le malade m’annonce par lettre qu’il se porte bien, et me remercie en paroles émues de l’avoir « sauvé d’un abîme profond ». Il se sent rendu à une nouvelle vie.

Le 9 décembre 1889, le malade revient pour être soumis de nouveau à mon traitement. Il a eu, ces temps derniers, deux fois des rêves érotiques d’hommes, mais à l’état de veille il n’a éprouvé aucun penchant pour l’homme, il a pu aussi résister à la tentation de se masturber, bien que vivant seul à la campagne il n’eût pas d’occasions de faire le coït. Il a plus que de l’inclination pour l’autre sexe, et ordinairement il ne rêve que de personnes féminines ; rentré dans la capitale, il a fait le coït et en a éprouvé du plaisir. Le malade se sent réhabilité moralement, presque débarrassé des malaises neurasthéniques, et déclare, après trois nouvelles séances hypnotiques, que maintenant il se croit tout à fait guéri et à l’abri de toute rechute. Toutefois une rechute a eu lieu au mois de septembre 1890. Le malade, après un surmenage physique dans un voyage à travers de hautes montagnes et une série d’émotions morales, et de plus par manque d’occasions de faire le coït, était redevenu neurasthénique.

Il eut de nouveau des rêves d’hommes, se sentit attiré vers des hommes sympathiques. Il se masturba plusieurs fois et n’éprouva plus de vrai plaisir lorsque, rentré dans la ville, il fit le coït. Du reste, par un traitement antineurasthénique et une seule hypnose, on réussit vite à rétablir sa santé et à rendre sa conduite normale.

Au cours des années 1890 et 1891, le malade eut encore par-ci par là des tendances à l’inversion sexuelle et des rêves dans ce sens, mais seulement lorsque, à la suite d’émotions morales ou d’excès, la névrose se manifestait de nouveau. Dans ces moments, le coït ne lui procurait plus de satisfaction. Le malade s’est vu alors dans la nécessité de faire rétablir l’équilibre par quelques séances hypnotiques, ce qui a toujours facilement réussi.

À la fin de l’année 1891, le malade déclare avec satisfaction que depuis son traitement il a su se maintenir à l’abri de la masturbation et des rapports homosexuels, et que sa confiance en lui--