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souvent qu’autrefois. Il a peur de l’onanisme. Il espère que sa vie sexuelle pourra encore être ramenée dans les voies normales. Il pense à l’avenir ; il a même déjà noué une liaison avec une demoiselle qui lui est sympathique, et l’idée de l’avoir comme épouse lui est agréable.

Depuis cinq jours il s’est abstenu de l’onanisme, mais il ne croit pas qu’il serait capable d’y renoncer par sa propre force. Ces temps derniers, il était très abattu, n’avait plus envie de travailler, se sentait las de la vie.

Le malade est grand, vigoureux, bien bâti, très barbu. Le crâne et le squelette sont normaux.

Réflexes profonds très accentués, pupilles plus larges que la moyenne, égales, réagissant très promptement. Carotides de calibre égal. Hyperæsthesia urethræ. Les cordons spermatiques et le testicule ne sont pas sensibles ; les parties génitales sont tout à fait normales.

On rassure le malade ; on le console par l’espoir d’un avenir heureux à la condition qu’il renonce à l’onanisme et qu’il reporte son sentiment actuel pour son propre sexe vers les femmes.

Ordonnance : demi-bains (24-20° R.), antipyrine, 1 gr. pro die[ws 1] ; le soir 4 grammes de bromure de potassium[ws 2].

13 décembre. Le malade vient tout effrayé et troublé à la consultation, disant qu’il ne pourra par sa propre force résister à l’onanisme ; il prie qu’on l’aide.

Un essai d’hypnose plonge la malade dans un profond engourdissement.

Il reçoit les suggestions suivantes :

1o Je ne puis, ne dois et ne veux plus faire de l’onanisme ;
2o J’ai en horreur l’amour pour mon propre sexe et je ne trouverai plus beau aucun homme ;
3o Je veux guérir et je guérirai ; j’aimerai une brave femme, je serai heureux et je la rendrai heureuse.

14 décembre. Le malade, en se promenant, a vu un bel homme et s’est senti puissamment attiré vers celui-ci.

À partir de ce moment, tous les deux jours, séances hypnotiques avec les suggestions sus-indiquées. Le 18 décembre, (quatrième séance) on réussit à obtenir le somnambulisme. L’impulsion à l’onanisme et l’intérêt pour les individus masculins diminuent.

Dans la huitième séance, on ajoute aux suggestions sus-mentionnées celle de la « puissance complète ». Le malade se sent moralement relevé et physiquement renforcé. La névralgie des

  1. par jour
  2. un antispasmodique et un sédatif