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supposer qu’une région de cette périphérie (centre cérébral) soit le siège des manifestations et des sensations sexuelles, des images et des désirs, le lieu d’origine de tous les phénomènes psychosomatiques qu’on désigne ordinairement sous les noms de sens sexuel, sens génésique et instinct sexuel. Ce centre peut être animé aussi bien par des excitations centrales que par des excitations périphériques.

Des excitations centrales peuvent se produire par suite d’irritations organiques dues à des maladies de la périphérie du cerveau. Elles se produisent physiologiquement par des excitations psychiques (représentations de la mémoire ou perceptions des sens).

Dans les conditions physiologiques, il s’agit surtout de perceptions visuelles et d’images évoquées par la mémoire (par exemple, par une lecture lascive) ; puis d’impressions tactiles (attouchements, serrements de mains, accolade, etc.). Par contre le sens auditif et le sens olfactif ne jouent qu’un rôle secondaire dans le domaine physiologique. Mais, dans certaines circonstances pathologiques, ce dernier a une grande importance pour l’excitation sexuelle. Chez les animaux, l’influence des perceptions olfactives sur le sens génésique est de toute évidence. Althaus (Beiträge zur Physiol. u. Pathol. des Olfactorius, Arch. für Psych., XII, H. 1) déclare nettement que le sens olfactif est d’une grande importance pour la reproduction de l’espèce. Il fait ressortir que les animaux de sexe différent sont attirés l’un vers l’autre par la perception olfactive et que, à la période du rut, il s’exhale de leurs parties génitales une odeur pénétrante. Une expérience faite par Schiff vient à l’appui de cette assertion. Schiff a enlevé les nerfs olfactifs à de jeunes chiens nouveau-nés, et il a constaté que ces mêmes chiens, devenus grands, ne pouvaient distinguer un mâle d’une femelle. Mantegazza (Hygiène de l’amour) a fait un essai en sens inverse. Il a enlevé les yeux à des lapins et il a constaté que cette défectuosité artificielle n’a nullement empêché