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sance de Mme Emma E… qui avait dix ans plus qu’elle. Elle tomba amoureuse de cette dame, conclut avec elle un contrat de mariage et vécut avec elle pendant trois ans, maritalement, dans la capitale.

Un nouvel amour qui lui fut funeste, l’a décidée à rompre ses « liens conjugaux » avec E… Celle-ci ne voulait pas quitter Sarolta. Ce n’est qu’au prix de grands sacrifices matériels, que Sarolta a racheté sa liberté. E…, dit-on, se donne encore aujourd’hui comme femme divorcée et se considère comme comtesse V… Sarolta a dû inspirer aussi à d’autres dames de la passion ; cela ressort du fait que, avant son « mariage » avec E…, alors qu’elle s’était lassée d’une demoiselle D…, après avoir dépensé avec elle plusieurs milliers de florins, celle-ci la menaça de lui brûler la cervelle, si elle ne lui restait pas fidèle.

Ce fut l’été de 1887, pendant un séjour dans une station balnéaire, que Sarolta fit la connaissance de la famille d’un fonctionnaire très estimé, M. E… Aussitôt Sarolta devint amoureuse de Marie, la fille de ce fonctionnaire, et en fut aimée. La mère et la cousine de la jeune fille essayèrent de la détourner de cette liaison, mais vainement. Pendant l’hiver, les deux amoureux échangèrent des lettres. Au mois d’avril 1888, le comte S… vint faire une visite, et au mois de mai 1889, il atteignit le comble de ses désirs : Marie qui entre temps avait quitté sa place d’institutrice, fut unie par un pseudo-prêtre hongrois à son S… adoré dans une tonnelle de jardin improvisée en chapelle ; un ami de son fiancé figurait comme témoin.

Le couple vivait heureux et joyeux, et sans la plainte déposée par le beau-père, ce simulacre de mariage aurait encore duré longtemps. Il est à remarquer que pendant la longue période de son état de fiancé, S… a réussi à induire la famille de sa fiancée en erreur complète sur son véritable sexe.

S… était fumeur passionné, avait des allures et des passions tout à fait masculines. Ses lettres et même les convocations des tribunaux lui parvenaient sous l’adresse de « Comte S… » ; il disait entre autres souvent qu’il lui faudrait bientôt aller faire ses vingt-huit jours. Il ressort des allusions faites par le « beau-père » que S… – (ce qu’il a d’ailleurs plus tard avoué)– a pu simuler l’existence d’un scrotum à l’aide d’un mouchoir ou d’un gant qu’il fourrait dans une des poches de son pantalon. Le beau-père a aussi remarqué un jour chez son futur gendre quelque chose comme un membre en érection (probablement un priape) ; celui-ci a même donné à entendre qu’il lui serait nécessaire de se servir