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Un régime de vie rationnel, un traitement médical tonique et autant que possible hydrothérapique paraissent nécessaires. Il faut maintenir le soupçon que la masturbation pratiquée de bonne heure a été la cause première de cette maladie, et la possibilité de l’existence d’une spermatorrhée, étiologiquement et thérapeutiquement importante, paraît tout indiquée. (Observation personnelle, Zeitschrift f. Psychiatrie.)


OBSERVATION 130. – Mlle X…, trente-huit ans, s’est présentée à l’automne de 1881 à ma consultation pour de violentes douleurs spinales, une insomnie persistante qu’elle a voulu combattre et qui l’a amenée au morphinisme et au chloralisme.

La mère et la sœur avaient une maladie de nerfs ; les autres membres de la famille seraient bien portants, à ce qu’elle dit. La malade prétend que sa maladie date de 1872, à la suite d’une chute sur le dos dont elle fut vivement effrayée : mais étant encore jeune fille, elle souffrait déjà de crampes musculaires et de symptômes hystériques. Par suite de sa chute, il s’est développé une névrose neurasthénico-hystérique où prédominaient l’irritation spinale et l’insomnie. Épisodiquement elle eut de la paraplégie hystérique qui dura jusqu’à huit mois, et des accès de délire d’hysteria hallucinatoria avec crampes. Au cours de sa maladie, il se surajouta des symptômes de morphinisme. Un séjour de plusieurs mois à la clinique a fait cesser le morphinisme et a atténué considérablement la névrose neurasthénique ; à ce propos, la faradisation générale s’est montrée étonnamment favorable.

Au premier aspect, la malade avait fait une impression étrange par ses vêtements, ses traits et ses manières. Elle portait un chapeau d’homme, des cheveux coupés courts, un pince-nez, une cravate d’homme, une jaquette à coupe masculine et qui couvrait une grande partie de sa robe ; elle avait les traits durs, masculins, une voix un peu grave : elle fit plutôt l’impression d’un homme en jupons que d’une dame, en faisant abstraction de la gorge et de la conformation féminine du bassin.

Pendant sa longue période d’observation, la malade ne présenta jamais aucun signe d’érotisme. Interrogée sur son genre d’habillement, elle répondit que la mise qu’elle avait choisie lui allait mieux. Peu à peu on lui fit avouer qu’étant petite fille encore, elle avait une prédilection pour les chevaux et les occupations masculines, mais aucun intérêt pour les ouvrages de femme. Plus tard, elle aima beaucoup la lecture et eut le désir de se faire ins-