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les minauderies et les coquetteries des femmes, parce qu’il a un naturel féminin.

Il n’a jamais eu beaucoup de goût à fumer ou à boire, aux occupations et aux plaisirs masculins ; mais il a fait avec passion de la couture, et, étant garçon, il a été souvent grondé parce qu’il jouait sans cesse aux poupées. Au théâtre et au cirque, son intérêt ne se concentrait que sur les hommes. Souvent il ne pouvait pas résister à l’envie de rôder autour des pissotières, pour voir des parties génitales masculines.

Il n’a jamais trouvé plaisir aux charmes féminins. Il n’a réussi le coït qu’en évoquant l’image d’un homme aimé. Ses pollutions nocturnes étaient toujours occasionnées par des rêves lascifs concernant des hommes.

Malgré de nombreux excès sexuels, B… n’a jamais souffert de neurasthénie, et il n’en présente aucun des symptômes.

Le malade est délicat, a une barbe et une moustache peu fournies ; ce n’est qu’à l’âge de vingt-cinq ans que sa figure est devenue barbue. Son extérieur, sauf sa démarche dandinante et légère, ne présente rien qui puisse indiquer un naturel féminin. Il affirme qu’on a déjà souvent ridiculisé sa démarche féminine. Les parties génitales sont fortes, bien développées, tout à fait normales, couvertes de poils touffus ; le bassin est masculin. Le crâne est rachitique, un peu hydrocéphale, avec des os pariétaux convexes. La face surprend par son exiguïté. Le malade prétend qu’il est facile à irriter et enclin aux emportements et à la colère.


OBSERVATION 125. – Le 1er mai 1880, les autorités policières amenèrent à la Clinique psychiatrique de Gratz un homme de lettres, le docteur en philosophie G…

G…, venant d’Italie et passant, dans son voyage, par Gratz, avait trouvé un soldat qui, moyennant argent, s’était livré à lui, mais qui finalement l’avait dénoncé à la police. Comme celui-ci défendait avec le plus grand sans-gêne son amour pour les hommes, la police trouva son état mental douteux et le fit placer en observation près d’aliénistes. G… raconta aux médecins, avec une franchise cynique, qu’il y a plusieurs années déjà il avait eu, à M…, une affaire analogue à démêler avec la police et qu’il avait été, alors, condamné à quinze jours en prison. Dans les pays du Sud, il n’y a aucune loi contre les gens comme lui ; en Allemagne et en France seulement, on a trouvé l’affaire mauvaise.

G… a cinquante ans ; il est grand, vigoureux, avec un regard