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absolue. Veuillez donc excuser, pour cette raison, le cynisme de ces lignes.

Au mois d’octobre 1890, l’auteur des lignes qui précèdent se présenta chez moi. Son extérieur répondait, en général, à la description qu’il m’en avait faite. Les parties génitales étaient volumineuses, très poilues. Les parents auraient été sains au point de vue nerveux ; un frère s’est brûlé la cervelle par suite d’une maladie nerveuse ; trois autres sont nerveux à un degré très prononcé. Le malade est venu chez moi en proie au plus grand désespoir. Il ne peut plus supporter la vie qu’il mène, car il en est réduit aux rapports avec des individus vénaux, et il ne peut pratiquer l’abstinence, étant donnée sa prédisposition excessive à la sensualité ; il ne peut pas comprendre non plus comment on pourrait le transformer en un individu aimant les femmes et le rendre capable des plus nobles jouissances de la vie, car, dès l’âge de treize ans, il avait des penchants pour l’homme.

Il se sent tout à fait femme et aspire à faire la conquête d’hommes qui ne soient pas uranistes. Quand il est avec un uraniste, c’est comme si deux femmes se trouvaient ensemble. Il préférerait plutôt être sans sexe que de continuer à mener une existence comme la sienne. La castration ne serait-elle pas une délivrance pour lui ?

Un essai d’hypnose n’amena chez ce malade excessivement émotionnel qu’un engourdissement très léger.


OBSERVATION 124. – B…, garçon de café, quarante-deux ans, célibataire, m’a été envoyé comme inverti par son médecin, dont il était amoureux. B…donna de bonne volonté et avec décence des renseignements sur sa vita ante acta[ws 1] et surtout sexualis, très heureux de trouver enfin une explication sérieuse de son état sexuel qui, de tout temps, lui a paru morbide.

B… ne sait rien de ses grands-parents. Son père était un homme emporté, coléreux et très excité, potator[ws 2], ayant eu, de tout temps, de grands besoins sexuels. Après avoir fait vingt-quatre enfants à la même femme, il divorça d’avec elle et mit trois fois en état de grossesse sa femme de ménage. La mère aurait été bien portante.

De ces vingt-quatre enfants, six seulement sont encore en vie : plusieurs d’entre eux ont des maladies de nerfs, mais sans anomalie sexuelle, sauf une sœur qui, de tout temps, a eu la manie de poursuivre les hommes.

  1. vie avant la sexualité
  2. ivrogne