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de maladie grave et je suis issu d’une famille saine. Mes parents, il est vrai, sont tous les deux des natures très irritables ; mon père est ce qu’on appelle un tempérament coléreux, ma mère un tempérament sanguin avec un fort penchant à de sombres mélancolies. Elle est très vive, très aimée à cause de son bon cœur et de son active charité, mais elle manque de confiance en elle-même et éprouve un impérieux besoin de s’appuyer sur quelqu’un. Toutes ces particularités étaient aussi très prononcées dans le caractère de son père. J’appuie sur ce fait, parce qu’on dit de moi que je leur ressemble ; quant à ces dernières particularités, je puis moi-même constater la ressemblance. J’ai toujours cru que mon amour pour mon propre sexe n’était que l’hypertrophie de ces deux traits de caractère. Mais, même quand j’essaie de me raffermir intérieurement par l’illusion que je suis fort et vigoureux, de déchirer le lien qui m’attire avec un pouvoir magique vers l’homme, il me reste toujours dans le sang un résidu que je ne puis éloigner. Aussi loin que je puis remonter dans mes souvenirs, je vois partout ce désir primitif et énigmatique d’avoir un amant. Il est vrai que la première manifestation fut d’une nature grossièrement sensuelle. Je ne sais pas si j’avais déjà dix ans, quand un jour que j’étais couché dans mon lit, je fus surpris de provoquer par une pression sur mes parties génitales des sensations nouvelles et enivrantes, en me figurant en même temps qu’un homme de mon entourage me faisait des manipulations voluptueuses. Bien des années plus tard seulement, j’appris que c’était de l’onanisme. Dans les premiers temps, je fus tellement effrayé et tellement assombri par mon mystérieux penchant que je fis alors ma première tentative de suicide. Que n’ai-je pas réussi alors ! Car j’eus ensuite une série de secousses physiques et psychiques si violentes, qu’elles mirent comme une chaîne autour de mon cœur qu’elles rétrécirent et rendirent brutal et dur. Pour le dire tout de suite : jusqu’à aujourd’hui, l’onanisme ne m’a pas lâché de ses griffes ; il a résisté à tous les essais, à tous les efforts de ma volonté brisée pour rompre avec lui. Trois ou quatre fois je l’ai abandonné pendant des mois entiers, dans la plupart des cas sous l’influence d’émotions morales. À l’âge de treize ans, j’eus mon premier amour. Aujourd’hui, il me souvient, qu’alors le comble de mes désirs était de pouvoir embrasser les jolies lèvres roses et fraîches de mon camarade d’école. C’était une langueur pleine de rêves romanesques. Il devint plus violent à l’âge de quinze et seize ans, lorsque