Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.

masculin, j’ai dû mettre fin à mes rêves, ce qui ne m’a causé aucune joie. J’essayai par toutes sortes de moyens d’annihiler mes glandes génitales ; mais les douleurs que j’éprouvai me firent renoncer à ces tentatives. Maintenant encore j’ai le désir très vif d’avoir les signes extérieurs du sexe féminin, d’avoir une jolie natte, un buste bien arrondi, une taille de guêpe.

À l’âge de douze ans, j’ai eu pour la première fois l’occasion de mettre des vêtements féminins ; bientôt après l’idée m’est venue d’arranger le soir les draps et les couvertures de mon lit comme des jupons. Plus tard, avec l’âge, mon plus grand bonheur était de prendre en cachette les robes de mes sœurs et de m’en revêtir, ne fût-ce que pour quelques minutes et au risque d’être découvert. À ma grande joie il me fut un jour permis de jouer un rôle de femme dans une représentation théâtrale d’amateurs ; on dit que je m’en suis assez bien acquitté. Depuis que je suis devenu étudiant et que je mène une vie plus indépendante, je me suis procuré des vêtements et du linge de femme, que je tiens moi-même en bon état. Quand le soir, à l’abri de toute découverte, je puis mettre une pièce après l’autre, depuis le corset jusqu’au tablier et aux bracelets, je suis tout à fait heureux, et je me mets au travail, calme, content dans mon for intérieur, et plein de zèle pour mon ouvrage. Quand je m’habille en femme, il se produit régulièrement une érection qui n’est jamais suivie d’éjaculation, mais qui s’apaise d’elle-même en très peu de temps. Je cherche aussi à me rapprocher extérieurement davantage du type féminin, en donnant à mes cheveux une coiffure correspondant à ce caractère et en rasant ma barbe que j’aimerais mieux voir arrachée.

V. Penchants sexuels. – En passant à la description de mes penchants sexuels, je dois tout d’abord faire remarquer que ma maturité sexuelle s’est faite d’une façon normale, si j’en conclus par mes pollutions, la mue de ma voix, etc. Les pollutions se produisent maintenant encore régulièrement toutes les trois semaines et rarement à des intervalles plus rapprochés. Je n’en éprouve jamais une sensation de volupté. Je n’ai jamais pratiqué l’onanisme ; jusqu’à ces temps derniers je n’en connaissais que le nom ; quant à la chose, j’ai dû me renseigner à ce sujet par des informations directes pour être éclairé. En général, tout attouchement de mon membre en érection m’est pénible et douloureux, loin de me donner aucune sensation voluptueuse.

Autrefois mon attitude en face des femmes était très timide ; maintenant je me comporte avec calme, comme un égal avec des