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plus jeune qu’elle de cinq ans. Elle en tomba amoureuse et en fut aimée. Leur amour était très sensuel et trouvait à se satisfaire dans l’onanisme mutuel. « Je l’ai idolâtrée, c’est un être si noble ! » disait la malade en parlant de cette liaison d’amour qui a duré quatre ans et qui s’est terminée par le mariage malheureux de cette amie.

En 1885, après bien des émotions morales, la malade fut atteinte d’une maladie, une sorte d’hystéro-neurasthénie (dyspepsie gastrique, irritation spinale, accès de catalepsie, d’hémianopie avec migraine, accès d’aphasie transitoire, pruritus pudendi et ani[ws 1]).

Au mois de février 1886, ces symptômes disparaissaient.

Au mois de mars, la malade fit la connaissance de son mari actuel, l’épousa sans hésiter, car il était riche, avait beaucoup d’affection pour elle, et son caractère lui était sympathique.

Le 6 avril, elle lit un jour cette phrase : « La mort n’épargne personne. » Comme un coup de foudre, ses anciennes idées obsédantes de la mort lui reviennent. Dans son obsession elle s’imaginait la mort la plus terrible pour elle et son entourage ; elle se représentait des scènes d’agonie particulière ; elle en perdit la tranquillité et le sommeil, et ne se plaisait plus à rien. Son état s’améliora. Son mariage eut lieu fin mai 1886, mais elle fut encore tourmentée de l’idée pénible qu’elle porterait malheur à son mari et à sa parenté.

Le 6 juin, premier coït. Elle en fut moralement très déprimée. Ce n’est pas comme cela qu’elle s’était figuré le mariage ! Au commencement elle fut tourmentée par un violent tædium vitæ. Son époux qui l’aimait sincèrement, faisait tout son possible pour la rassurer. Les médecins consultés étaient d’avis que tout irait bien, une fois que la malade serait grosse. Le mari ne pouvait s’expliquer la conduite énigmatique de sa femme. Elle était aimable pour lui, tolérait ses caresses, se comportait d’une façon tout à fait passive dans le coït qu’elle cherchait à éviter autant que possible ; elle était, après l’acte, pendant des jours entiers fatiguée, épuisée, tourmentée par une irritation spinale et nerveuse.

Un voyage des époux lui permit de revoir son amie qui, depuis trois ans, vivait malheureuse en ménage. Les deux femmes tressaillirent de joie et d’émotion, quand elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre ; elles furent dès ce moment inséparables. Le mari trouva cette liaison amicale quelque peu étrange et pressa le départ. Il se convainquit en prenant connaissance de la corres-

  1. démangeaisons génitales et anales