OBSERVATION 115. – Par une soirée d’été, au crépuscule, X. Y…, docteur en médecine dans une ville de l’Allemagne du Nord, a été pris en flagrant délit par un garde champêtre, au moment où il faisait sur un chemin des actes d’impudicité avec un vagabond. Il masturbait ce dernier et ensuite mentulam alius in os suum immisit[ws 1]. X… s’est soustrait aux poursuites judiciaires en prenant la fuite. Le procureur royal abandonna la plainte parce qu’il n’y avait aucun scandale public et que l’immissio membri in anum[ws 2] n’avait pas eu lieu. On a trouvé en la possession d’X… une vaste et longue correspondance uraniste qui a permis de constater que, depuis des années, il avait des rapports uranistes suivis avec des personnes appartenant à toutes les classes de la société. X… est issu d’une famille tarée. Le grand-père du côté paternel est mort aliéné et s’est suicidé. Le père était un homme de constitution faible et de caractère bizarre. Un frère du malade s’est masturbé dès l’âge de deux ans. Un cousin était inverti, il commit les mêmes actes contre les bonnes mœurs que X… ; c’était un jeune homme imbécile ; il a fini ses jours avec une maladie de la moelle épinière. Un frère de son grand-père du côté paternel était hermaphrodite. La sœur de sa mère était folle. La mère passe pour être bien portante. Le frère de X… est nerveux et à des accès de colère violente.
Étant enfant, X… était aussi très nerveux. Le miaulement d’un chat lui causait une peur terrible ; on n’avait qu’à imiter la voix d’un chat pour qu’il se mît à pleurer amèrement et à se cramponner de peur aux personnes de son entourage.
À l’occasion de maladies peu graves, il était toujours pris de fièvres violentes. C’était un enfant calme, rêveur, doué d’une imagination très vive, mais de faibles moyens intellectuels. Il ne rechercha jamais les jeux des garçons. Il s’amusait, de préférence, aux occupations féminines. Il avait un plaisir particulier à coiffer la servante de la maison ou son frère.
À l’âge de treize ans, X… fut mis en pension. Là, il pratiqua l’onanisme mutuel, séduisit ses camarades, se rendit impossible par sa conduite cynique, de sorte qu’on dut le renvoyer chez ses parents. Déjà, à cette époque, des lettres d’amour, d’un caractère lascif et parlant d’inversion sexuelle, tombèrent entre les mains des parents.
À partir de l’âge de dix-sept ans, X… fit ses études sous la direction sévère d’un professeur de lycée. Il faisait des progrès convenables. Il n’avait du talent que pour la musique. Après avoir