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rienne ou de grossesse, etc.), la sensation voluptueuse ne paraît guère se produire.

Par association d’idées, un gant ou un soulier peuvent devenir fétiches.

Brunn rappelle à ce propos et avec raison que, dans les mœurs du Moyen Âge, une des plus précieuses marques d’hommage et de galanterie était de boire dans le soulier d’une belle femme, usage qu’on trouve encore aujourd’hui en Pologne. Dans le conte de Cendrillon, le soulier joue également un rôle très important.

L’expression de l’œil a une importance particulière pour faire jaillir l’étincelle amoureuse. Un œil névrosé peut jouer souvent le rôle de fétiche chez des personnes des deux sexes. « Madame, vos beaux yeux me font mourir d’amour » (Molière).

Il y a une foule d’exemples de faits où les odeurs du corps jouent le rôle de fétiche, phénomène consciemment ou inconsciemment utilisé dans l’Ars amandi[ws 1] de la femme. Déjà la Ruth de l’Ancien Testament s’est parfumée pour captiver Booz.

La demi-mondaine, des temps anciens et modernes, consomme beaucoup de parfums. Jaeger, dans sa Découverte de l’âme, donne de nombreuses indications sur les sympathies des odeurs.

Binet assure que la voix aussi peut devenir un fétiche. À ce sujet il rapporte une observation faite par Dumas, observation que ce dernier a utilisée dans sa nouvelle : La maison du veuf.

Il est question d’une femme qui devint amoureuse de la voix d’un ténor et qui fit des infidélités à son mari.

Le roman de Belot : Les Baigneuses de Trouville vient à l’appui de cette supposition. Binet croit que, dans bien des mariages conclus avec des cantatrices, c’est le charme fétichiste de la voix qui a agi. Il attire en outre l’attention sur cet autre fait intéressant que, chez les oiseaux chanteurs, la

  1. L’art d’aimer.