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et qu’il n’ait pas moins rarement trouvé de compensations chez des amants masculins. Sa souffrance présentait par moments des exacerbations considérables jusqu’à désespérer de sa situation conjugale et sexuelle, et allant même jusqu’au plus violent tædium vitæ.

Sa femme est devenue hystéropathe, anémique, et le malade lui-même est d’avis qu’elle l’est devenue ex abstinentia[ws 1]. Quelque violence qu’il se fasse, quelque effort qu’il déploie, il lui est impossible depuis quelques années de faire le coït ; les érections font absolument défaut, tandis qu’il se sent très puissant dans ses rapports avec ses amants masculins.

Le garçon de ces malheureux parents a maintenant neuf ans et se porte bien.

Le malade m’avoua encore qu’autrefois il n’était puissant pendant le coït avec sa femme qu’en évoquant par artifice dans son imagination l’image d’un homme aimé. (Extrait du Lehrbuch der Psychiatrie de l’auteur, 2e édition, avec des notes supplémentaires).


OBSERVATION 114 (Autobiographie.) – L’auteur de ces lignes est uraniste de naissance.

Bien que je n’aie jamais rencontré d’autres uranistes, je suis complètement renseigné sur mon état, ayant réussi à me procurer avec le temps tous les ouvrages scientifiques qui traitent de ce sujet. Il n’y a pas longtemps que j’ai eu l’occasion de lire votre livre Psychopathia sexualis.

Je vis que vous examiniez et précisiez les choses sans préjugé, seulement dans l’intérêt de la science et de l’humanité.

Bien que je ne puisse vous communiquer beaucoup de faits nouveaux, je tiens tout de même à vous mentionner certaines choses que vous voudrez bien accepter comme une pierre de plus pour votre édifice ; je les remets en pleine confiance entre vos mains, convaincu que vous vous en servirez pour notre réhabilitation sociale.

Vous êtes peut-être dans le vrai en supposant que nous sommes souvent atteints d’une tare héréditaire. Mon père souffrait d’une maladie de la moelle épinière avant ma naissance ; plus tard, il est devenu mélancolique et s’est suicidé.

Un autre point cependant sur lequel je ferai mes réserves, est l’opinion exprimée par vous, dans un autre passage, que l’onanisme, pratiqué dès la première jeunesse, pourrait amener un individu à des penchants pervers.

  1. du fait de l’abstinence