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sont très fréquentes. Dans la famille du côté paternel, des mariages entre cousins ont eu lieu depuis trois générations. Le père, dit-on, est bien portant, et est heureux en ménage. Le fils, cependant, fut frappé par la prédilection de son père pour les beaux valets. La famille du côté maternel passe pour être composée d’originaux. Le grand-père et l’aïeul de la mère sont morts mélancoliques ; la sœur de la mère était folle. Une fille du frère du grand-père était hystérique et nymphomane. Des douze frères et sœurs de la mère, trois seulement se sont mariés, parmi lesquels un frère qui était atteint d’inversion sexuelle et d’une maladie de nerfs, par suite d’excès de masturbation. La mère du malade était, dit-on, bigote, d’une intelligence bornée, nerveuse, irritable et portée à la mélancolie.

Le malade a un frère et une sœur : le premier est névropathe, souvent en proie à une dépression mélancolique ; bien qu’il soit déjà adulte, il n’a jamais montré trace de penchants sexuels ; la sœur est une beauté connue et pour ainsi dire célèbre dans le monde des hommes. Cette dame est mariée, mais sans enfants ; on prétend que c’est à cause de l’impuissance du mari. Elle resta, de tout temps, froide aux hommages que lui rendaient les hommes ; mais elle est ravie par la beauté féminine et presque amoureuse de quelques-unes de ses amies.

Le malade, en venant à sa personnalité, nous raconta qu’à l’âge de quatre ans déjà, il rêvait de beaux écuyers, chaussés de belles bottes. Quand il fut devenu plus grand, il ne rêvait jamais de femmes. Ses pollutions nocturnes ont toujours été provoquées par des « rêves de bottes ».

Dès l’âge de quatre ans, il éprouvait une étrange affection pour les hommes ou plutôt pour les laquais qui portaient des bottes bien cirées. Au début, ils ne lui paraissaient que sympathiques ; mais, à mesure que sa vie sexuelle commença à se développer, il éprouvait, à leur aspect, de violentes érections et une émotion voluptueuse. Les bottes bien reluisantes ne l’excitaient que quand elles étaient chaussées par des domestiques ; sur les pieds des personnes de son monde, elles l’auraient laissé absolument froid.

À cet état de choses ne se rattachait aucune impulsion sexuelle dans le sens d’un amour d’hommes. La seule idée de cette possibilité lui faisait horreur. Mais il lui vint à l’esprit des idées, renforcées par des sensations voluptueuses, d’être le valet de ses valets, de pouvoir leur ôter leurs bottes, de se laisser fouler aux