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agréable, cela doit être en partie attribué au fait que, dans ce genre de jouissance sexuelle, la différence de sexe est tout à fait indifférente, et qu’inconsciemment cela me rappelait l’accolade d’un homme. Mais, cette réminiscence était absolument inconsciente, bien que perçue vaguement ; car je n’avais pas un plaisir dû à ma force d’imagination, mais causé directement par les baisers sur la bouche de la femme. Je sens aussi que le charme que le lupanar et les mérétrices exercent sur moi commence à s’effacer ; mais je sais pertinemment que certaines femmes pourront toujours m’exciter par leurs baisers.

Aucune femme ne me semble désirable au point d’être capable de surmonter quelque obstacle pour la posséder ; aucune ne le sera jamais, tandis que la crainte d’être découvert et livré à la honte ne peut que difficilement me retenir dans la recherche des étreintes des hommes.

Ainsi, je me suis laissé entraîner dernièrement à me payer un soldat chez une mérétrice. La volupté fut très vive et surtout, après la satisfaction obtenue, je fus remonté. Les jours suivants je me sentais, pour ainsi dire, réconforté, ayant à tout moment des érections ; bien que je n’aie pu jusqu’ici retrouver ce soldat, l’idée de pouvoir m’en payer un autre me procure une certaine inquiétude ; cependant, je ne serais parfaitement satisfait que si je trouvais une âme-sœur parmi les gens de ma position sociale et de mon instruction.

Je n’ai pas encore mentionné que, tandis qu’un corps de femme, sauf la figure, me laisse absolument froid, le toucher avec la main me dégoûterait, membrum virile me tangere dum os meum os ejus osculatur, mihi exoptatum esse[ws 1] ; de plus, je n’éprouverais aucun dégoût à poser mes lèvres sur celles d’un homme qui me serait très sympathique.

La masturbation, ainsi que je l’ai dit, m’est impossible.


OBSERVATION 111 (Hermaphrodisme psychique ; sentiment hétérosexuel développé de bonne heure, à la suite de masturbation épisodique, mais puissante ; sentiment homosexuel pervers ab origine[ws 2] ; excitation sensuelle par les bottes d’hommes.) – M. X…, vingt-huit ans, est venu chez moi au mois de septembre 1887, tout désespéré, pour me consulter sur la perversion de sa vita sexualis, qui lui rend la vie presque insupportable et qui, à plusieurs reprises, l’a déjà poussé au suicide.

Le malade est issu d’une famille où les névroses et les psychoses

  1. qu’un sexe d’homme me touche pendant que je l’embrasse sur la bouche, voilà ce que je désire le plus
  2. dès le début