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OBSERVATION 109 (Hermaphrodisme psychique ; autobiographie.) – Je suis né en 1868. Les familles de mes deux parents sont saines. Dans tous les cas, il n’y eut chez eux aucune maladie mentale. Mon père était commerçant ; il a maintenant soixante-cinq ans, est nerveux depuis des années et très enclin à la mélancolie. Avant son mariage, mon père, dit-on, aurait été un vaillant viveur. Ma mère est bien portante, quoique pas très forte. J’ai une sœur et un frère bien portants.

Moi-même je me suis développé sexuellement de très bonne heure ; à l’âge de quatorze ans, j’avais tellement de pollutions que j’en fus effrayé. Je ne puis plus dire dans quelles circonstances ces pollutions se manifestaient ni par quel genre de rêves elles étaient provoquées. Le fait est que, depuis des années, je ne me sens attiré sexuellement que vers les hommes et que, malgré toute mon énergie et malgré une lutte terrible, je ne puis pas vaincre ce penchant contre nature qui me répugne tant. Dans les premières années de ma vie, dit-on, j’aurais enduré beaucoup de maladies graves, de sorte qu’on craignit pour ma vie. De là vient aussi que plus tard on m’a gâté et trop choyé. J’étais confiné souvent à la chambre ; j’aimais mieux jouer avec des poupées qu’avec des soldats ; je préférais en général les jeux tranquilles de la chambre aux jeux bruyants de la rue. À l’âge de dix ans, on me mit au lycée. Bien que je fusse très paresseux, je comptai parmi les meilleurs élèves, car j’apprenais avec une facilité extraordinaire, et j’étais le favori de mes professeurs. Depuis mon âge le plus tendre (sept ans), j’eus plaisir à être avec les petites filles. Je me rappelle que, jusqu’à l’âge de treize ans, j’entretenais avec elles des liaisons d’amour, que j’étais jaloux de ceux qui parlaient à l’objet de mon amour, que j’avais plaisir à regarder sous les jupons des amies de ma sœur et des bonnes, et que j’avais des érections quand je touchais le corps de mes petites camarades de jeux. Je ne puis pas me rappeler avec exactitude si, à cet âge précoce, les garçons avaient pour moi un aussi puissant attrait et m’émotionnaient sexuellement. J’eus toujours beaucoup de plaisir à la lecture des pièces de théâtre : j’avais un théâtre de poupées, je contrefaisais les artistes que je voyais au grand théâtre et surtout, cherchant pour moi les rôles de femmes, je me plaisais alors à m’affubler de vêtements de femmes.

Quand l’éveil de ma vie sexuelle est devenu plus fort, le penchant pour les garçons l’emporta. Je devins tout à fait amoureux