Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment, toute impulsion homosexuelle, même avec le concours des influences artificielles et inhibitives de la suggestion hypnotique (suggestion contre les sentiments homosexuels), ensuite en s’incitant avec effort aux sentiments sexuels normaux, par l’abstinence complète de toute masturbation, et en faisant disparaître les derniers vestiges de l’état neurasthénique du système nerveux par l’emploi de l’hydrothérapie et, éventuellement, de la faradisation générale.


Je dois à un collègue, âgé de trente ans, l’autobiographie suivante qui, à d’autres points de vue encore, mérite toute attention.


OBSERVATION 108 (Hermaphrodisme psychique ; Inversion avortée.) – Mon ascendance est assez lourdement chargée. Mon grand-père du côté paternel était un viveur gai et un spéculateur ; mon père, un homme de caractère intègre, mais qui, depuis trente ans, est atteint de folie circulaire, sans être sérieusement empêché de vaquer à ses affaires. Ma mère souffre, comme son père, d’accès sténocardiaques. Le père de ma mère et le frère de ma mère auraient été des sexuels hyperesthésiques. Ma sœur unique, qui est de neuf ans plus âgée que moi, fut atteinte deux fois d’accès éclamptiques ; elle était, à l’âge de la puberté, exaltée au point de vue religieux et probablement aussi hyperesthésique au point de vue sexuel. Pendant des années, elle eut à combattre une grave névrose hystérique ; mais maintenant elle est très bien portante.

Comme fils unique, venu tardivement au monde, je fus le chéri de ma mère, et je dois à ses soins infatigables d’être, à l’âge de jeune homme, bien portant, après avoir enduré, enfant et petit garçon, toutes sortes de maladies infantiles (hydrocéphalie, rougeole, croup, variole ; à l’âge de dix-huit ans, catarrhe intestinal chronique pendant un an). Ma mère, qui avait des principes religieux très rigoureux, m’a élevé dans ce sens, sans me gâter, et elle m’a toujours inculqué comme principe suprême de morale un sentiment de devoir inflexible qui a été développé jusqu’à la rigidité par un maître d’école que je considère encore aujourd’hui comme mon ami. Comme, par suite de mon état maladif, j’ai passé la plus grande partie de mon enfance dans le lit, j’en fus réduit à des occupations tranquilles et notamment à la lecture. De cette manière, je suis devenu un garçon précoce, mais non blasé.