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male n’est pas plus satisfaisant. La manière de voir du malade de l’observation 124 est très originale. Il est probable, dit-il, que son père, en le procréant, a voulu faire une fille ; mais, au lieu de cela, c’est un garçon qui est venu au monde.

Une des plus étranges explications de l’inversion sexuelle congénitale se trouve dans Mantegazza (op. cit. 1886, p. 106).

D’après cet auteur, il y aurait des anomalies anatomiques chez les invertis, en ce sens que, par une erreur de la nature, les nerfs destinés aux parties génitales se répandraient dans l’intestin, de sorte que c’est de là que part l’excitation voluptueuse, qui, d’habitude, est provoquée par l’excitation des parties génitales. Comment l’auteur, d’habitude si perspicace, s’expliquerait-il alors les cas nombreux où la pédérastie[ws 1] est abhorrée par ces invertis ? La nature ne fait d’ailleurs jamais de pareils soubresauts. Mantegazza invoque, en faveur de son hypothèse, les communications d’un ami, écrivain remarquable, qui lui assurait n’être pas encore bien fixé sur le fait de savoir s’il éprouvait un plus grand plaisir au coït qu’à la défécation !

L’exactitude de cette expérience admise, elle ne prouverait pas que l’homme en question soit sexuellement anormal, et que chez lui la sensation voluptueuse du coït soit réduite au minimum.

On pourrait peut-être expliquer l’inversion congénitale en disant qu’elle représente une particularité spéciale de la descendance, mais ayant pris naissance par voie d’hérédité.

L’atavisme serait le penchant morbide pour son propre sexe, penchant acquis par l’ascendant, et qui se trouverait fixé comme phénomène morbide et congénital chez le descendant. Cette hypothèse est, en somme, admissible, puisque, d’après l’expérience des attributs physiques et moraux acquis, non seulement les qualités, mais aussi et surtout les défectuosités, se transmettent par hérédité. Comme il n’est pas rare que des invertis fassent des enfants, que dans tous les cas ils ne sont pas toujours impuissants (les femmes ne

  1. sodomie