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qui déjà fait cette juste remarque que, dans la plupart des cas, cette anomalie est congénitale et doit être considérée comme une sorte d’hermaphrodisme intellectuel.

Il y a là un véritable dégoût des attouchements sexuels avec des femmes, tandis que l’imagination se réjouit à la vue des beaux jeunes hommes, des statues et des tableaux qui en représentent. Ce fait n’a pas échappé à Casper que, dans ces cas, l’immissio penis in anum[ws 1] (pédérastie) n’est pas la règle, mais ces individus recherchent et obtiennent des satisfactions sexuelles par des actes sexuels d’un autre genre (onanisme mutuel).

Dans ses Klinischen novellen (1863, p. 33), Casper cite la confession intéressante d’un homme atteint de cette perversion de l’instinct génital, et il n’hésite pas à déclarer que, abstraction faite des imaginations corrompues, de la démoralisation produite par la satiété des jouissances sexuelles normales, il y a de nombreux cas où la « pédérastie » provient d’une impulsion congénitale, étrange, inexplicable, mystérieuse. Vers 1860, un nommé Ulrichs, qui lui-même était atteint de cet instinct perverti, a soutenu dans de nombreux écrits[1], publiés sous le pseudonyme de Numa Numantius, cette thèse que la vie sexuelle de l’âme est indépendante du sexe physique, et qu’il y a des individus masculins qui, en présence de l’homme, se sentent femmes (anima muliebris in corpore virili inclusa[ws 2]).

Il désignait ces gens sous le nom d’uranistes (Urning), et réclamait rien moins que l’autorisation de l’État et de la société pour l’amour sexuel des uranistes, comme un amour congénital et par conséquent légitime, ainsi que l’autorisation du mariage entre eux. Seulement, Ulrichs

  1. pénétration du pénis dans l’anus
  2. une âme féminine enfermée dans un corps viril
  1. Vindex, Inclusa, Vindicta, Formatrix, Ara spei, Gladius jurens (1864 et 1865, Leipzig, H. Matthes). Ulrichs, Kritische Pfeile, 1879, en commission chez H. Crönlein, Stuttgart, Augustenstrasse, 5. L’auteur qui combat sans se décourager les préjugés dont ses semblables ont à souffrir, a publié dans ce but, depuis 1889, à Aquila degli Abruzzi (Italie), un journal écrit en latin sous le titre : Il periodico latino.