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Ces faits mettent bien en relief la différence qui existe entre la psychologie sexuelle de l’homme et celle de la femme, entre leurs sentiments et leurs désirs sexuels.

Chez l’homme, sans doute, l’instinct sexuel est plus vif que chez la femme. Sous le coup d’une forte poussée de la nature, il désire, quand il arrive à un certain âge, la possession de la femme. Il aime sensuellement, et son choix est déterminé par des qualités physiques. Poussé par un instinct puissant, il devient agressif et violent dans sa recherche de l’amour. Pourtant, ce besoin de la nature ne remplit pas toute son existence psychique. Son désir satisfait, l’amour, chez lui, fait temporairement place aux intérêts vitaux et sociaux.

Tel n’est pas le cas de la femme. Si son esprit est normalement développé, si elle est bien élevée, son sens sexuel est peu intense. S’il en était autrement, le monde entier ne serait qu’un vaste bordel où le mariage et la famille seraient impossibles. Dans tous les cas, l’homme qui a horreur de la femme et la femme qui court après les plaisirs sexuels sont des phénomènes anormaux.

La femme se fait prier pour accorder ses faveurs. Elle garde une attitude passive. Ce rôle s’impose à elle autant par l’organisation sexuelle qui lui est particulière que par les exigences des bonnes mœurs.

Toutefois, chez la femme, le côté sexuel a plus d’importance que chez l’homme. Le besoin d’aimer est plus fort chez elle ; il est continu et non pas épisodique ; mais cet amour est plutôt psychique que sensuel.

L’homme, en aimant, ne voit d’abord que l’être féminin ; ce n’est qu’en second lieu qu’il aime la mère de ses enfants ; dans l’imagination de la femme, au contraire, c’est le père de son enfant qui tient le premier rang ; l’homme, comme époux, ne vient qu’après. Dans le choix d’un époux, la femme est déterminée plutôt par les qualités intellectuelles que par les qualités physiques. Après être devenue mère, elle partage son amour entre l’enfant et l’époux. Devant l’amour maternel,