Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.

solitairement, mais toujours en me représentant dans mon imagination des êtres du sexe féminin. Mon libido sexualis était très grand ; il en est encore de même aujourd’hui. Plus tard, j’ai essayé d’entrer en relations avec une servante jolie, grande, ayant de fortes mammæ ; id solum assecutus sum, ut me præsente superiorem corporis sui partem enudaret mihique concederet os mammasque osculari, dum ipsa penem meum valde erectum in manum suam recepit eumque trivit. Quamquam violentissime coitum rogavi hoc solum concessit, ut genitalia ejus tangerem[ws 1].

Devenu étudiant à l’Université, je visitai un lupanar et je réussis le coït sans effort.

Mais un incident est arrivé qui a produit en moi une évolution. Un soir, j’accompagnais un ami qui rentrait chez lui et, comme j’étais un peu gris, je le saisis ad genitalia[ws 2] en plaisantant. Il ne se défendit pas beaucoup ; je montai ensuite avec lui dans sa chambre, nous nous masturbâmes, et nous pratiquâmes assez souvent dans la suite cette masturbation mutuelle ; il y avait même immissio penis in os[ws 3] avec éjaculation. Ce qui est étrange, c’est que je n’étais pas du tout amoureux de ce camarade, mais passionnément épris d’un autre de mes camarades dont l’approche ne m’a jamais produit la moindre excitation sexuelle et, dans mon idée, je ne mettais jamais sa personne en rapport avec des faits sexuels. Mes visites au lupanar, où j’étais un client bien vu, devenaient de plus en plus rares ; je trouvais une compensation chez mon ami et ne désirais plus du tout les rapports sexuels avec les femmes.

Nous ne pratiquions jamais la pédérastie[ws 4] ; nous ne prononcions pas même ce mot. Depuis le commencement de cette liaison avec mon ami, je me suis remis à me masturber davantage ; naturellement l’idée de la femme fut de plus en plus reléguée au second rang ; je ne pensais qu’à des jeunes gens vigoureux avec de gros membres. Je préférais surtout les garçons imberbes de seize à vingt-cinq ans, mais il fallait qu’ils soient jolis et propres. J’étais surtout excité par les jeunes ouvriers en pantalon d’étoffe de manchester ou de drap anglais ; les maçons principalement me produisaient cette impression.

Les personnes de mon monde ne m’excitaient pas du tout ; mais, à l’aspect d’un fils du peuple, vigoureux et énergique, j’avais une émotion sexuelle bien prononcée. Toucher ces pantalons, les ouvrir, saisir le pénis, puis embrasser le garçon, voilà ce qui me paraissait le plus grand bonheur.

Ma sensibilité pour les charmes féminins s’est un peu émous-

  1. de fortes mamelles ; cela seul m’intéressait ; elle me dévoila la partie supérieure de son buste et me permit d’embrasser ses mamelles ; puis elle prit elle-même dans la main mon pénis en érection et le frotta ; je lui demandai ardemment de coïter mais elle me permit seulement de toucher son sexe.
  2. par le sexe
  3. introduction du pénis dans la bouche [fellation]
  4. sodomie