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tions sexuelles dans le développement et la conservation de la confiance de l’homme en lui-même. On s’en rend compte quand on voit l’onaniste aux nerfs affaiblis et l’homme devenu impuissant perdre leur caractère viril et la confiance en leur propre valeur.

M. Gyurkovechky (Männl. Impotenz. Vienne, 1889) fait justement remarquer que les vieillards et les jeunes gens diffèrent psychiquement surtout par leur degré de puissance génitale, car l’impuissance porte une grave atteinte à la gaieté, à la vie intellectuelle, à l’énergie et au courage. Plus l’homme qui a perdu sa puissance génitale est jeune et plus il était porté aux choses sensuelles, plus cette atteinte est grave.

Une perte subite de la puissance génitale peut, dans ces conditions, produire une grave mélancolie et pousser même au suicide ; car, pour de pareilles natures, la vie sans amour est insupportable. Mais, même dans ces cas où la réaction n’est pas aussi violente, celui qui en est atteint devient morose, envieux, égoïste, jaloux, misanthrope ; l’énergie et le sentiment d’honneur s’affaiblissent ; il devient même lâche.

On peut constater les mêmes phénomènes chez les Skopzys de Russie, qui, après s’être émasculés, perdent leur caractère viril.

La perte de la virilité se manifeste d’une manière bien plus frappante encore chez certains individus, chez qui elle produit une véritable effémination.

Au point de vue psychologique, la femme, à la fin de sa vie sexuelle, après la ménopause, tout en étant moins bouleversée, présente néanmoins un changement assez notable. Si la vie sexuelle qu’elle vient de traverser a été heureuse, si des enfants sont venus réjouir le cœur de la mère au seuil de la vieillesse, le changement de son individualité biologique échappe à son attention. La situation est tout autre quand la stérilité ou une abstinence imposée par des conditions particulières ont empêché la femme de goûter les joies de la maternité.