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où, effrayés d’apprendre les conséquences de leur vice en les constatant sur eux-mêmes (neurasthénie), ou bien poussés vers l’autre sexe soit par séduction soit par l’exemple d’autrui, ils voudraient fuir leur vice et rendre leur vita sexualis normale.

Les conditions morales et physiques sont, dans ce cas, les plus défavorables qu’on puisse imaginer. La chaleur du pur sentiment est éteinte, le feu de l’ardeur sexuelle manque de même que la confiance en soi-même, car tout masturbateur est plus ou moins lâche. Quand le jeune pécheur réunit ses énergies pour essayer le coït, il en revient déçu, car la sensation de volupté manque et il n’a pas de plaisir, ou bien la force physique pour accomplir l’acte lui fait défaut. Cet échec a la signification d’une catastrophe et l’amène à l’impuissance psychique absolue. Une conscience qui n’est pas nette, le souvenir d’échecs honteux empêchent toute réussite en cas de nouveaux essais. Mais le libido sexualis qui continue à subsister, exige impérieusement une satisfaction, et la perversion morale et physique éloigne de plus en plus l’individu de la femme.

Pour différentes raisons (malaises neurasthéniques, peur hypocondriaque des suites, etc.), l’individu se détourne aussi des pratiques de la masturbation. Dans ce cas il peut pour un moment et passagèrement être poussé à la bestialité. L’idée des rapports avec les gens de son propre sexe s’impose alors facilement ; elle est amenée par l’illusion de sentiments d’amitié qui, sur le terrain de la pathologie sexuelle, se lient aisément avec des sentiments sexuels.

L’onanisme passif et mutuel remplace alors les procédés habituels. S’il se trouve un séducteur, et il y en a tant malheureusement, nous avons alors le pédéraste d’éducation, c’est-à-dire un homme qui accomplit des actes d’onanisme avec des personnes de son propre sexe, et qui se plaît dans un rôle actif correspondant à son véritable sexe, mais qui, au point de vue des sentiments de l’âme, est indifférent non seu-