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de la mort. Mais un tel amour court le risque, dans certaines circonstances, de pousser au crime, surtout s’il n’y a pas un fonds solide de moralité. Un des vilains côtés de cet amour est la jalousie. L’amour de l’homme faible est sentimental ; il peut conduire au suicide s’il n’est pas payé de retour ou s’il se heurte à des difficultés, tandis que, dans des conditions analogues, l’homme fort peut devenir un criminel. L’amour sentimental risque souvent de dégénérer en caricature, surtout quand l’élément sensuel n’est pas assez fort. Qu’on se rappelle, à ce propos, les chevaliers Toggenbourg, les Don Quichotte, beaucoup de ménestrels et de trouvères du Moyen Âge.

Cet amour a un caractère fadasse, doucereux : par là même il peut devenir ridicule ; tandis que, dans d’autres cas, les manifestations de ce sentiment puissant du cœur humain évoquent ou la compassion, ou l’estime, ou l’horreur.

Souvent cet amour faible se porte sur d’autres objets : en poésie il produit des poèmes insipides, en esthétique il mène à l’outrancisme, en religion au mysticisme, à l’extase, et même, quand il y a un fond sensuel plus fort, aux idées sectaires et à la folie religieuse. Il y a quelque chose de tout cela dans l’amour non mûri de la puberté.

Les vers et les rimes, à cette période, ne supportent pas la lecture, à moins qu’ils n’aient pour auteurs des poètes de vocation.

Malgré toute l’éthique dont l’amour a besoin pour s’élever à sa vraie et pure expression, sa plus profonde racine est pourtant la sensualité.

L’amour platonique est une absurdité, une duperie de soi-même, une fausse interprétation d’un sentiment.

Quand l’amour a pour cause le désir sexuel, il ne peut se comprendre qu’entre individus de sexe différent et capables de rapports sexuels. Si ces conditions manquent ou si elles disparaissent, l’amour est remplacé par l’amitié.

Il est à remarquer le rôle important que jouent les fonc-