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n’ont pas, comme les souliers ou les gants, une corrélation avec des parties déterminées du corps féminin ou ne sont pas une signification symbolique quelconque de ces parties.

Ce genre de fétichisme ne peut pas provenir non plus d’une association accidentelle, comme dans les cas tout à fait particuliers du bonnet de nuit ou des meubles de la chambre à coucher ; mais ils forment un groupe dont l’objet est homogène. Il faut donc supposer que certaines sensations tactiles – (une sorte de chatouillement qui a une parenté éloignée avec les sensations voluptueuses) – sont, chez des individus hyperesthésiques, la cause première de ce genre de fétichisme.

À ce propos nous donnerons tout d’abord une observation personnelle exposée par un homme qui lui-même était atteint de cet étrange fétichisme.


OBSERVATION 90. – N…, trente-sept ans, issu de famille névropathique, de constitution névropathique lui-même, déclare :

Depuis ma première jeunesse, j’ai une passion profondément enracinée pour les fourrures et le velours, parce que ces étoffes éveillent en moi une émotion sexuelle, et que leur vue et leur contact me procurent un plaisir voluptueux. Je ne puis me rappeler qu’un incident quelconque ait occasionné ce penchant étrange – (coïncidence de la première émotion sexuelle avec l’impression de ces étoffes, respectivement première excitation pour une femme vêtue de ces étoffes). – En somme, je ne me souviens pas comment a commencé cette prédilection. Je ne veux point exclure absolument la possibilité d’un pareil incident, ni d’une liaison accidentelle de la première impression qui aurait pu créer une association d’idées ; mais je crois peu probable que pareille chose ait pu se passer, car je suis convaincu qu’un incident de ce genre se serait profondément gravé dans ma mémoire.

Ce que je sais, c’est qu’étant encore petit enfant, j’aimais vivement voir des fourrures et les caresser, et qu’en faisant ainsi j’éprouvais un vague sentiment de volupté. Lors de la première manifestation de mes idées sexuelles concrètes, c’est-à-dire quand mes idées sexuelles se dirigèrent vers la femme, j’avais déjà une prédilection particulière pour la femme vêtue de ces étoffes.

Cette prédilection m’est restée jusqu’à l’âge d’homme mûr.