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éprouvait du dégoût pour les rapports conjugaux ; il avait peur de sa femme, craignait les soirées et les tête-à-tête avec elle. Il arriva à ne plus avoir d’érections.

Il fit de nouveau des essais avec des prostituées ; il se satisfaisait en touchant leurs souliers et ensuite la puella était obligée calceolo mentulam tangere[ws 1] ; il éjaculait ou, si l’éjaculation ne se produisait pas, il essayait le coït avec la femme vénale, mais sans résultat, car alors l’éjaculation se faisait subitement.

Le malade vient à la consultation tout désespéré. Il regrette profondément d’avoir, malgré sa conviction intime, suivi le conseil funeste des médecins, d’avoir rendu malheureuse une très brave femme et de lui avoir causé un préjudice physique et moral. Pouvait-il répondre devant Dieu de continuer une pareille vie ? Quand même il se confesserait à sa femme et qu’elle ferait tout ce qu’il désire, cela ne lui servirait à rien, car il lui faudrait encore le « parfum du demi-monde ».

L’extérieur de ce malheureux ne présente rien de frappant, sauf sa douleur morale. Les parties génitales sont tout à fait normales. La prostate est un peu grosse. Il se plaint d’être tellement sous l’obsession des idées de chaussures, qu’il rougit quand il est question de bottines. Toute son imagination ne s’occupe que de ce sujet. Quand il est dans sa propriété à la campagne, il se voit souvent forcé de partir pour la ville la plus proche, qui est encore à dix lieues de distance, afin de pouvoir satisfaire son fétichisme devant les étalages et aussi avec des puellis[ws 2].

On ne pouvait entreprendre aucun traitement médical chez ce malheureux, car sa confiance dans les médecins était profondément ébranlée. Un essai d’hypnose et de suppression des associations fétichistes par la suggestion a échoué, par suite de l’émotion morale de ce pauvre jeune homme qu’obsède l’idée d’avoir rendu sa femme malheureuse.


OBSERVATION 88. – X…, vingt-quatre ans, de famille chargée (frère de sa mère et grand’père maternel fous, sœur épileptique, autre sœur souffrant de migraines, parents d’un tempérament très irritable), a eu à l’époque de sa dentition quelques accès de convulsions. À l’âge de sept ans, il fut entraîné à l’onanisme par une bonne. La première fois, X… trouva plaisir à ces manipulations cum illa puella fortuito pede calceolo tecto penem tetigit[ws 3].

Ce fait a suffi pour créer chez l’enfant taré une association d’idées, grâce à laquelle, dorénavant, le seul aspect d’un soulier

  1. de caresser son pénis avec son soulier.
  2. filles publiques
  3. lorsque la fille lui toucha fortuitement le pénis de sa chaussure