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sur la beauté des cheveux des femmes ; il dessinait des nattes et se masturbait en même temps. À partir de l’âge de quatorze ans, il devint tellement excité par son fétiche qu’il en avait des érections violentes. Contrairement au goût qu’il avait, étant encore petit garçon, il n’était plus excité que par les nattes bien touffues, noires et solidement tressées. Il éprouvait une envie folle de poser ses lèvres sur ces nattes et de les mordre. L’attouchement des cheveux ne lui donnait que peu de satisfaction ; c’était plutôt la vue qui lui en procurait, mais avant tout, le fait d’y poser les lèvres et de les mordre.

Si cela lui était impossible, il se sentait malheureux jusqu’au tædium vitæ[ws 1]. Il essayait alors de se dédommager en évoquant dans son imagination l’image d’« aventures de nattes » et en se masturbant en même temps.

Souvent, dans la rue, au milieu d’une bousculade de la foule, il ne pouvait pas se retenir de poser un baiser sur la tête des dames. Cela fait, il courait chez lui pour se masturber. Parfois il réussissait à résister à cette impulsion, mais alors il était forcé, oppressé d’une angoisse vive, de prendre vite la fuite, pour échapper au cercle magique du fétiche. Une fois seulement, au milieu de la bousculade d’une foule, il eut l’obsession de couper la natte d’une jeune fille. Il éprouva pendant cette tentative une vive anxiété, ne réussissant pas avec son canif, et échappa avec peine en se sauvant au danger d’être pris.

Devenu grand, il essaya de se satisfaire par le coït avec des puellis[ws 2]. Il provoquait une érection violente en baisant les nattes, mais il ne pouvait pas arriver à l’éjaculation. Voilà pourquoi il n’était pas satisfait du coït. Pourtant son idée favorite était de coïter en baisant des nattes. Cela ne lui suffisait pas, puisque par ce moyen il n’arrivait pas non plus à l’éjaculation. Faute de mieux, il vola un jour à une dame les cheveux qu’elle avait laissés en se peignant ; il se les mettait dans la bouche et se masturbait en évoquant dans son esprit en même temps l’image de la dame. Dans l’obscurité, il n’avait aucun intérêt pour la femme, parce qu’il ne voyait pas ses cheveux. Des cheveux défaits n’avaient pour lui aucun charme, les poils des parties génitales non plus. Ses rêves érotiques n’avaient pour sujet que des nattes. Ces temps derniers, le malade était tellement excité sexuellement qu’il tomba dans une sorte de satyriasis. Il devint incapable de vaquer à ses affaires, et, il se sentait si malheureux, qu’il essaya de s’étourdir par l’alcool. Il en consomma de grandes quantités, fut

  1. tiédeur, ennui de la vie
  2. filles publiques