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À côté des fétichistes de la main je rangerai, comme suite naturelle, les fétichistes du pied. Mais tandis que le fétichisme de la main est rarement remplacé par le fétichisme du gant, qui appartient, à proprement parler, au groupe du fétichisme d’objets inanimés, nous trouvons l’enthousiasme pour le pied nu de la femme, qui présente bien rarement quelques signes pathologiques très peu accusés, mais qui est remplacé par les innombrables cas de fétichisme du soulier et de la bottine.

La raison en est bien facile à comprendre. Dans la plupart des cas le garçon voit la main de la femme dégantée, et le pied revêtu d’une chaussure. Ainsi les associations d’idées de la première heure qui déterminent chez les fétichistes la direction de la vita sexualis, se rattachent naturellement à la main nue ; mais quand il s’agit du pied, elles se rattachent au pied couvert d’une chaussure.

Le fétichisme de la chaussure pourrait trouver sa place dans le groupe des fétichistes du vêtement qui sera étudié plus loin ; mais à cause de son caractère masochiste qu’on a pu prouver dans la plupart des cas, il a été analysé en grande partie dans les pages précédentes.

En dehors de l’œil, de la main et du pied, la bouche et l’oreille remplissent encore souvent le rôle de fétiches. A. Moll fait en particulier mention de pareils cas. (Comparez aussi le roman de Belot, La bouche de Madame X… qui, d’après l’assertion de l’auteur, repose sur une observation prise dans la vie réelle.)

Dans ma pratique j’ai rencontré le cas suivant qui est assez curieux.


OBSERVATION 76. – Un homme très chargé m’a consulté pour son impuissance, qui le pousse au désespoir.

Tant qu’il fut célibataire, son fétiche était la femme aux formes plantureuses. Il épousa une femme de complexion correspondant à son goût ; il était parfaitement puissant avec elle et très heureux. Quelques mois plus tard, sa femme tomba gravement malade et