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qui le séduisait dans la masturbation mutuelle avec un camarade d’école, c’était quand un de ses camarades avait une belle main blanche. L… se rappelle aussi que souvent, au commencement de la leçon de gymnastique, il s’occupait à faire des exercices seul sur une barre qui se trouvait dans un coin éloigné ; il le faisait dans l’intention ut quam maxime excitaretur idque tantopere assecutus est, ut membro manu non tacto, sine ejuculatione – puerili ætate erat – voluptatem clare senserit.[ws 1]. Il est encore un incident fort intéressant de sa première jeunesse dont le malade se rappelle. Un de ses camarades favoris N…, avec lequel L… pratiquait la masturbation mutuelle, lui fit un jour la proposition suivante : ut L… membrum N… apprehendere conaretur[ws 2] ; N… se débattrait autant que possible et essayerait d’en empêcher L… L… accepta la proposition.

L’onanisme était donc directement associé à une lutte des deux garçons, lutte dans laquelle N… était toujours vaincu[1].

La lutte se terminait régulièrement ut tandem coactus sit membrum masturbari[ws 3]. L… m’affirme que ce genre de masturbation lui a procuré un plaisir tout à fait particulier de même qu’à N… Il se masturba fréquemment jusqu’à dix-huit ans. Instruit par un ami des conséquences de ses pratiques, L… fit tous les efforts possibles et usa de toute son énergie pour lutter contre sa mauvaise habitude. Cela lui réussit peu à peu, jusqu’à ce qu’il eut accompli son premier coït, ce qui lui arriva à vingt et un ans et demi ; il abandonna alors complètement l’onanisme qui lui paraît maintenant incompréhensible, et il est pris de dégoût en songeant qu’il a pu trouver du plaisir à pratiquer l’onanisme avec des garçons. Aucune puissance humaine, dit-il, ne pourrait aujourd’hui le décider à toucher le membre d’un autre homme ; la vue seule du pénis d’autrui lui est odieuse. Tout penchant pour l’homme a disparu chez lui et le malade ne se sent attiré que vers la femme.

Il faut cependant rappeler que malgré son penchant bien prononcé pour la femme, il subsiste toujours chez L… un phénomène anormal.

Ce qui l’excite surtout chez la femme, c’est la vue d’une belle main ; L… est de beaucoup plus émotionné en touchant une belle main de femme, quam si eamdem feminam plane nudatam adspiceret[ws 4].

Jusqu’à quel point va la prédilection de L… pour une belle main de femme ? Nous allons le voir par le fait suivant.

  1. étant très excité, de ressentir sans se toucher de la main et sans éjaculer – c’était encore un enfant – la plus grande volupté
  2. que L… essaie de se saisir de son membre
  3. par une masturbation mutuelle
  4. comme s’il regardait cette femme entièrement nue
  1. C’est ainsi une sorte de sadisme rudimentaire chez L… et de masochisme rudimentaire chez N…