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de la main ou même la plupart de ces cas demandent ou nécessitent une interprétation sadiste ou masochiste.

Le cas suivant, très intéressant et observé minutieusement, nous apprend que, bien qu’au début un élément sadiste ou masochiste ait été en jeu, cet élément semble avoir disparu à l’époque de la maturité de l’individu et après que la perversion fétichiste se fut complètement développée. On peut supposer que, dans ce cas, le fétichisme a pris naissance par une association accidentelle ; c’est une explication très suffisante.


OBSERVATION 75 (Cas de fétichisme de la main communiqué par le docteur Albert Moll.) – P. L…, vingt-huit ans, négociant en Westphalie. À part le fait que le père du malade était un homme d’une mauvaise humeur excessive et d’un caractère un peu violent, aucune tare héréditaire ne peut être notée dans sa famille.

À l’école, le malade n’était pas très appliqué ; il n’a jamais pu concentrer pendant longtemps son attention sur un sujet ; en revanche, dès son enfance, il avait beaucoup d’amour pour la musique. Son tempérament fut toujours un peu nerveux.

En 1890 il est venu me voir, se plaignant de maux de tête et de ventre qui m’ont fait l’effet de douleurs neurasthéniques. Le malade avoue en outre qu’il manque d’énergie. Ce n’est qu’après des questions bien déterminées et bien précises, que le malade m’a donné les renseignements suivants sur sa vie sexuelle. Autant qu’il peut se rappeler, c’est à l’âge de sept ans que se sont manifestés chez lui les premiers symptômes d’émotion sexuelle. Si pueri ejusdem fere ætatis mingentis membrum adspexit, valde libidinibus excitatus est[ws 1]. L… assure que cette émotion était accompagnée d’érections manifestes.

Séduit par un autre garçon, L… a été amené à l’onanisme à l’âge de sept ou huit ans. « D’une nature très facile à exciter, dit L…, je me livrai très fréquemment à l’onanisme jusqu’à l’âge de dix-huit ans, sans que j’aie eu une conception nette ni des conséquences fâcheuses ni de la signification de ce procédé. » Il aimait surtout cum nonnulis commilitonibus mutuam masturbationem tractare[ws 2] ; mais il ne lui était pas du tout indifférent d’avoir tel ou tel garçon ; au contraire, il n’y avait que peu de ses camarades qui auraient pu le satisfaire dans ce sens. Je lui demandai pour quelle raison il préférait un garçon à un autre ; L… me répondit que ce

  1. si un enfant regarde son sexe lorsqu’il urine, cela excite chez lui des passions lascives
  2. pratiquer la masturbation mutuelle en compagnie de quelque condisciple