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le fétichisme peut se manifester à l’extérieur par les actes les plus étranges, les plus contraires à la nature et même par des actes criminels : satisfaction sur le corps de la femme loco indebito[ws 1], vol et rapt d’objets agissant comme fétiches, souillure de ces objets, etc.

Là aussi tout dépend de l’intensité du penchant pervers et de la force relative des contre-motifs éthiques.

Les actes pervers des fétichistes peuvent, comme ceux des individus atteints d’autres perversions, remplir à eux seuls toute la vita sexualis externe, mais ils peuvent aussi se manifester à côté de l’acte sexuel normal, selon que la puissance physique et psychique, l’excitabilité par les charmes normaux se sont plus ou moins conservées. Dans le dernier cas, la vue ou l’attouchement du fétiche sert souvent d’acte préparatoire nécessaire.

D’après ce que nous venons de dire, la grande importance pratique qui se rattache aux faits de fétichisme pathologique se montre dans deux circonstances.

Premièrement, le fétichisme pathologique est souvent une cause d’impuissance psychique[1].

Comme l’objet sur lequel se concentre l’intérêt sexuel du fétichiste, n’a par lui-même aucun rapport immédiat avec l’acte sexuel normal, il arrive souvent que le fétichiste cesse, par sa perversion, d’être sensible aux charmes normaux, ou que, du moins, il ne peut faire le coït qu’en concentrant son imagination sur le fétiche. Dans cette perversion, de même que dans beaucoup d’autres, il y a tout d’abord, par suite de la difficulté à obtenir une satisfaction adéquate, une tendance continuelle à l’onanisme psychique et physique, surtout chez

  1. sur des parties indues.
  1. On peut considérer comme une sorte de fétichisme psychique, le fait très fréquent, que de jeunes maris qui autrefois ont beaucoup fréquenté les prostituées, se trouvent impuissants en présence de la chasteté de leurs jeunes épouses. Un de mes clients n’a jamais été puissant en présence de sa jeune femme, belle et chaste, parce qu’il était habitué aux procédés lascifs des prostituées. S’il essayait de temps en temps le coït avec les puellæ, il était parfaitement puissant. Hammond rapporte un cas tout à fait analogue et très intéressant. Il est vrai que dans de pareils cas le remords ainsi que la crainte d’être impuissant jouent un certain rôle.