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les Aleutes et la masturbation des femmes orientales et hottentotes[1].

L’étude de la vie sexuelle de l’individu doit commencer au moment du développement de la puberté et le suivre à travers toutes ses phases, jusqu’à l’extinction du sens sexuel.

Mantegazza, dans son livre : Physiologie de l’Amour, fait une belle description de la langueur et des désirs qui se manifestent à l’éveil de la vie sexuelle, de ces pressentiments, de ces sentiments vagues dont l’origine remonte à une époque bien antérieure au développement de la puberté. Cette période est peut-être la plus importante au point de vue psychologique. Le nombre de nouvelles idées et de nouveaux sentiments qu’elle fait naître nous permet déjà de juger de l’importance que l’élément sexuel exerce sur la vie psychique.

Ces désirs d’abord obscurs et incompris, naissent de sensations que des organes qui viennent de se développer ont éveillées ; ils produisent en même temps une vive agitation dans le monde des sentiments.

La réaction psychologique de la vie sexuelle se manifeste dans la période de la puberté par des phénomènes multiples, mais tous mettent l’âme dans un état passionnel et tous éveillent le désir ardent d’exprimer sous une forme quelconque cet état d’âme étrange, de l’objectiver pour ainsi dire.

La poésie et la religion s’offrent d’elles-mêmes pour satisfaire ce besoin ; elles reçoivent un stimulant de la vie sexuelle elle-même, lorsque la période de développement du sens génésique est passée et que les désirs incompris et obscurs sont précisés. Qu’on songe combien fréquente est l’extase religieuse à l’âge de la puberté, combien de fois des tentations sexuelles se sont produites dans la vie des Saints[2] et en quelles

  1. Cette assertion est en contradiction avec les constatations de Lombroso et de Friedreich. Ce dernier, notamment, prétend que la pédérastie est très fréquente chez les sauvages de l’Amérique. (Hdb. der Gerichtsärztl. Praxis, 1843, I, p. 271.)
  2. Consulter Friedreich qui a cité de nombreux exemples. Ainsi la nonne